Alors que le spectre d’une motion de censure plane sur le gouvernement, le premier ministre Michel Barnier est monté au créneau ce mardi soir sur TF1 pour mettre en garde contre les conséquences catastrophiques d’un rejet du budget 2025. Actuellement en pleine consultation des chefs de groupes parlementaires, dont Marine Le Pen (RN) et Mathilde Panot (LFI), le locataire de Matignon a voulu s’adresser directement aux Français pour les alerter de la gravité de la situation.
Un appel solennel à la « stabilité » du pays
Face au risque imminent de voir son budget retoqué dès la semaine prochaine à l’Assemblée nationale, Michel Barnier a usé de mots forts. « Le moment est très grave, c’est le budget de la nation qui est en cause« , a-t-il martelé, relayant les demandes de « stabilité » exprimées par les Français qu’il a pu rencontrer.
Le premier ministre a reconnu qu’en « l’absence de majorité » à la chambre basse, il serait « assurément » contraint d’avoir recours à l’article 49.3 de la Constitution pour tenter de faire adopter ses projets de loi de finances. Un pari risqué alors que le Rassemblement national et la gauche pourraient s’associer pour le renverser.
L’avertissement de Barnier aux oppositions
Devant cette menace, Michel Barnier a agité le chiffon rouge d’un scénario catastrophe sur le plan économique et financier. Il a prévenu les oppositions qu’elles porteraient la responsabilité d’une « tempête probablement assez grave et des turbulences graves sur les marchés financiers » en cas de chute du gouvernement.
« Nous empruntons déjà à très haut taux d’intérêt, les taux que nous sommes obligés de respecter pour financer notre dette avec des investisseurs chinois ou américains. Ils sont actuellement presque au niveau de la Grèce. »
Michel Barnier, premier ministre
Selon des sources proches de Bercy, l’écart entre les taux d’intérêt de l’emprunt de référence à 10 ans entre la France et l’Allemagne a atteint mardi son plus haut niveau depuis 2012. Un signal inquiétant sur la confiance des marchés envers l’économie française.
Un pari à haut risque pour le RN et la gauche
Si Marine Le Pen et ses troupes semblent déterminées à passer à l’offensive contre le gouvernement, une telle manœuvre pourrait se retourner contre eux. En s’associant avec la NUPES pour censurer le budget, le RN prendrait le risque d’effrayer une partie de son électorat issu de la droite libérale, qui redoute plus que tout une aggravation de la situation économique du pays.
De leur côté, les députés insoumis pourraient être accusés d’inconséquence en précipitant le pays dans une crise politique et financière d’ampleur, alors même qu’ils prétendent défendre le pouvoir d’achat des Français. Un dilemme cornélien pour des oppositions avides de faire tomber le gouvernement mais qui pourraient bien y laisser des plumes.
L’exécutif face à l’épreuve de vérité budgétaire
Pour l’heure, Michel Barnier semble déterminé à tout faire pour sauver ses projets budgétaires et son poste à Matignon. Mais le premier ministre a-t-il vraiment les moyens de ses ambitions? Sans majorité ni réelle marge de manœuvre, il apparaît bien isolé face à une Assemblée nationale hostile.
Si le pire scénario devait se réaliser, avec une chute du gouvernement sur son budget, les conséquences pourraient être désastreuses pour le pays :
- Panique sur les marchés financiers et envolée des taux
- Paralysie des réformes et de l’action publique
- Perte de crédibilité de la France sur la scène internationale
- Risque de contagion à d’autres pays européens fragiles
Dans ce contexte explosif, certains redoutent même un retour aux heures sombres de la crise de l’euro et de la dette souveraine qui avait failli faire imploser la zone euro au début des années 2010. Un spectre que personne ne souhaite voir ressurgir.
Un plan B en cas de censure ?
Face à l’intransigeance des oppositions, Michel Barnier parviendra-t-il à sauver son budget et son gouvernement ? Rien n’est moins sûr, alors que les consultations à Matignon patinent et ne débouchent sur aucun compromis tangible.
Mais en cas d’échec, le premier ministre a-t-il un plan B ? S’il a martelé qu’il n’était « pas là pour commenter des hypothèses », certaines sources gouvernementales évoquent en coulisse un possible remaniement ministériel pour tenter de calmer le jeu et redistribuer les cartes. Une dissolution de l’Assemblée, conduisant à des législatives anticipées, pourrait également être dans les tuyaux.
Quoi qu’il en soit, le temps presse pour Michel Barnier, qui joue très gros cette semaine avec le retour du budget à l’Assemblée. De l’issue de ce bras de fer dépendra non seulement sa survie à Matignon, mais aussi et surtout la trajectoire économique, sociale et politique du pays pour les années à venir. Un rendez-vous crucial que les Français suivront avec anxiété et fébrilité.