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La Survie à Gaza : Fouiller les Poubelles Pour Subsister

Au nord de Gaza, la guerre a réduit les habitants à l'extrême pauvreté. Pour survivre, ils n'ont d'autre choix que de fouiller les poubelles et décombres, révèle l'Unrwa. Un témoignage glaçant sur le sort des civils pris entre deux feux...

C’est un constat alarmant que dresse Louise Wateridge, porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Dans le nord de la bande de Gaza, théâtre depuis le 6 octobre d’une offensive de grande ampleur menée par l’armée israélienne, de nombreux civils sont contraints de fouiller les poubelles et les décombres pour trouver de quoi subsister au jour le jour.

Une situation humanitaire catastrophique

Selon les estimations de l’Unrwa, ce sont entre 100 000 et 130 000 personnes qui ont fui les combats dans le nord de Gaza, notamment autour de la ville de Jabalia, depuis le début de l’opération israélienne visant à empêcher le Hamas de reconstituer ses forces dans la région. Beaucoup ont trouvé refuge dans la ville de Gaza, où Mme Wateridge a pu recueillir leurs témoignages glaçants.

Pas d’accès à l’eau ni à la nourriture

«Il n’y a pas d’accès à la nourriture ni à l’eau potable. Huit des puits de l’Unrwa à Jabalia ont cessé de fonctionner il y a plusieurs semaines. Ils ont été endommagés et n’ont plus de carburant nécessaire pour le système d’extraction», rapporte la porte-parole. Les habitants assiégés en sont donc réduits à chercher désespérément de la nourriture, y compris dans les déchets.

Nous entendons dire qu’ils fouillent les poubelles des immeubles, les décombres, qu’ils essaient de trouver de vieilles boîtes de conserve, n’importe quelle nourriture qu’ils pourraient trouver.

Louise Wateridge, porte-parole de l’Unrwa

Une situation qui n’est malheureusement pas nouvelle, puisque déjà l’an dernier à la même période, le nord de Gaza avait été coupé du monde. «Même nos collègues cherchaient alors de la nourriture pour animaux pour pouvoir survivre», se souvient Mme Wateridge. Aujourd’hui, les gens en sont réduits à manger tout ce qu’ils peuvent trouver pour rester en vie.

Des familles prises au piège sous les bombes

Outre le manque de nourriture, les civils doivent faire face aux bombardements incessants de l’aviation et de l’artillerie israéliennes. «On entend avec effroi que les frappes se poursuivent sur les hôpitaux, et sur les abris», témoigne la porte-parole de l’Unrwa. Certains n’ont pas pu fuir et se retrouvent pris au piège.

Quand on entend que des familles sont restées sous les décombres car ceux qui fuyaient ont dû les laisser derrière eux, on comprend que les gens soient totalement traumatisés.

Louise Wateridge, porte-parole de l’Unrwa

L’exode vers Gaza-ville dans des conditions épouvantables

Ceux qui ont pu quitter les zones de combat sont venus grossir les rangs des déplacés dans la ville de Gaza. Entre 100 000 et 130 000 personnes s’y sont réfugiées dans des conditions extrêmement précaires, décrit Louise Wateridge :

Ils arrivent dans des bâtiments calcinés, détruits, sous la pluie, et il fait vraiment froid. Ils n’ont ni matelas, ni bâches, ni tentes… Pas même des couvertures. Les familles pleurent. Certains mendient parce que leurs enfants n’ont pas de vêtements chauds. Il y a des bébés qui n’ont rien pour résister au froid.

Louise Wateridge, porte-parole de l’Unrwa

Des abris de fortune qui n’offrent qu’une protection très limitée. Malgré les traumatismes subis, beaucoup sont contraints d’y retourner faute d’alternative, alors même que les lieux sont visés par des tirs. «Ils témoignent d’histoires horribles comme l’arrivée de chars là où ils s’étaient réfugiés, ou de frappes sur des écoles qui servent d’abris», rapporte Mme Wateridge.

Des enfants tétanisés par la peur

Les plus jeunes sont particulièrement marqués par la violence des combats. La porte-parole de l’Unrwa raconte avoir été récemment avec des enfants terrorisés au seul bruit des avions ou des drones israéliens :

Quand on entend les avions passer, ou les drones, ils se figent complètement. Ils n’ont pas besoin de parler, on entend leurs dents se mettre à claquer. Ils sont absolument tétanisés à cause de ce qu’ils ont vécu ces dernières semaines.

Louise Wateridge, porte-parole de l’Unrwa

Après 50 jours d’une guerre qui a déjà fait des centaines de victimes civiles, le bilan psychologique s’annonce très lourd pour toute une génération d’enfants gazaouis. Sans perspective de paix à court terme, l’urgence est d’abord de leur venir en aide pour répondre à leurs besoins les plus criants. «La destruction, la mort, la douleur… c’est inconcevable», résume, impuissante, Louise Wateridge.

Face à cette situation dramatique, l’Unrwa et les autres organisations humanitaires présentes sur place lancent un appel urgent à la communauté internationale pour obtenir des financements à la hauteur des immenses besoins. Il en va de la survie de dizaines de milliers de civils palestiniens pris en étau dans un conflit qui les dépasse.

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