L’Académie française a exprimé dimanche son « espoir » de voir l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal « libéré sans délai ». Détenu depuis le 16 novembre par les autorités algériennes, l’intellectuel est connu pour ses critiques acerbes du régime du président Tebboune et de l’islamisme. Sa détention suscite une vive inquiétude dans les milieux intellectuels et politiques.
Une voix singulière et engagée
Dans un communiqué, l’Académie française salue en Boualem Sansal un écrivain « de talent et de conviction » à la « voix singulière ». Lauréat en 2015 de son Grand prix du roman, l’auteur est apprécié pour son combat contre le fondamentalisme religieux et l’autoritarisme. Les immortels disent partager l’« espoir de voir Boualem Sansal libéré sans délai » et expriment leur « hâte » de le voir « retrouver au plus vite la vie qui, jusqu’à présent, était la sienne, habitée par une obstinée volonté d’écrire et de ne pas subir ».
L’Élysée « très préoccupé »
Le sort de l’écrivain inquiète jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. Jeudi, l’entourage du président Emmanuel Macron a fait savoir que le chef de l’État était « très préoccupé par sa disparition » et que « les services de l’État sont mobilisés pour clarifier sa situation ». De son côté, les éditions Gallimard ont appelé vendredi à « sa libération immédiate », faisant part de leur « très vive inquiétude ».
Une solidarité des intellectuels
La mobilisation en faveur de Boualem Sansal ne cesse de s’amplifier. Dimanche, les lauréats du Grand prix du roman de l’Académie française ont publié une tribune pour réclamer sa libération. De nombreuses autres personnalités du monde intellectuel ont exprimé leur soutien à l’écrivain et leur inquiétude face à cette atteinte à la liberté d’expression.
La détention de Boualem Sansal est un coup porté à la liberté de création et à l’indépendance de la pensée. Nous ne pouvons rester silencieux face à cette injustice.
Un écrivain lauréat du Grand prix du roman de l’Académie française
L’Algérie sur la défensive
Face à cette pression internationale, les autorités algériennes tentent de justifier leur décision. Selon une source proche du dossier, l’écrivain serait reproché « d’intelligence avec des parties étrangères » et « d’atteinte à la sûreté de l’État », des accusations que ses soutiens jugent infondées et motivées politiquement. L’agence de presse officielle a pour sa part dénoncé les critiques venues de France, les attribuant à un lobby « anti-algérien » et « pro-sioniste » qui gangrènerait Paris.
Un combat pour la liberté d’expression
Au-delà du cas personnel de Boualem Sansal, c’est la question de la liberté d’expression et de création qui est posée. Dans un contexte de durcissement du régime algérien, les voix critiques sont de plus en plus muselées. Écrivains, journalistes, militants des droits humains subissent une répression croissante.
La communauté internationale, et en particulier la France, ont un rôle à jouer pour faire pression sur Alger. Emmanuel Macron, qui avait fait de la défense des libertés une priorité de son second mandat, est attendu sur ce dossier. Les prochains jours seront décisifs pour obtenir la libération de Boualem Sansal et envoyer un message clair aux autorités algériennes : la liberté d’expression n’est pas négociable.