La proposition de la France Insoumise de supprimer le délit d’apologie du terrorisme du Code pénal pour le remettre dans le droit de presse suscite une vive polémique dans la classe politique. Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis, a défendu ce dimanche une mesure qui divise jusque dans les rangs de la gauche.
Une proposition controversée
Déposée samedi, la proposition de loi de la France Insoumise visant à supprimer le délit d’apologie du terrorisme du Code pénal a déclenché un tollé généralisé. Pour Mathilde Panot, il ne s’agit pas d’abroger ce délit mais de le “remettre au bon endroit”, c’est-à-dire dans le droit de presse comme c’était le cas avant 2014.
Je trouve incroyable qu’on explique partout que nous sommes en train d’abroger le délit d’apologie du terrorisme.
Mathilde Panot, députée LFI du Val-de-Marne
Mais pour de nombreux responsables politiques, y compris à gauche, cette proposition revient à affaiblir l’arsenal antiterroriste. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a ainsi jugé qu’il suffisait d’affiner “la définition” de ce délit “pour en éviter les dérives”, sans pour autant le supprimer du Code pénal.
Inquiétude sur l’utilisation de l’antiterrorisme
Dans le texte de leur proposition de loi, les députés LFI s’inquiètent de voir “les méthodes de l’antiterrorisme” être utilisées “pour réprimer des militants politiques, des militants associatifs, des journalistes ou encore des syndicalistes”. Ils citent notamment le cas de Mathilde Panot elle-même, entendue en avril par la police après la publication d’un communiqué évoquant une “offensive armée palestinienne” contre Israël.
Mais pour l’élue insoumise, cette proposition de loi “n’a rien à voir avec [leurs] intérêts personnels”. Il s’agit selon elle d’un véritable enjeu démocratique et de liberté d’expression. Un argument loin de convaincre ses opposants, qui y voient surtout une manœuvre politique.
Une ligne de fracture à gauche
Au sein même de la gauche, la proposition de LFI fait débat. Si certains, à l’instar de la députée écologiste Sandrine Rousseau, y sont favorables, d’autres comme le patron du PS Olivier Faure prônent une simple révision du délit d’apologie du terrorisme plutôt que sa suppression pure et simple du Code pénal.
Cette controverse illustre les lignes de fracture qui traversent la gauche sur les questions régaliennes et la lutte antiterroriste. Là où le PS et une partie des écologistes défendent un équilibre entre sécurité et libertés, LFI assume une position plus libertaire quitte à prêter le flanc aux accusations de laxisme.
Une polémique qui arrange la majorité et la droite
Dans le camp présidentiel et à droite, on ne se prive pas de dénoncer “l’irresponsabilité” et la “complaisance” supposées de LFI avec l’islamisme radical. Une rhétorique bien rodée, qui permet à la macronie et aux Républicains de se poser en défenseurs intransigeants de la République face à “l’islamo-gauchisme”.
Nul doute que ces attaques seront réactivées à l’approche des prochaines échéances électorales, comme on l’a déjà vu lors des législatives de juin dernier. En réalité, cette polémique arrange bien les adversaires de LFI qui n’ont guère intérêt à ce que le débat se focalise sur le bilan et le projet de la majorité.
Un nouveau test pour la NUPES
Plus largement, cette séquence constitue un nouveau test pour la NUPES et sa capacité à parler d’une seule voix sur les sujets qui fâchent. Car au-delà de la question de l’apologie du terrorisme, c’est bien la solidité de l’alliance de gauche qui est en jeu.
Si la NUPES veut s’imposer comme une alternative crédible, elle doit impérativement résorber ses divergences et muscler son logiciel sur les questions régaliennes. Faute de quoi, elle continuera de prêter le flanc aux procès en amateurisme de ses adversaires. Charge désormais à Jean-Luc Mélenchon et ses alliés de déminer ce dossier explosif.