Et si le prochain grand poète n’était pas humain, mais une intelligence artificielle ? C’est la question que soulève une étude surprenante menée par des chercheurs de l’université de Pittsburgh. Leurs travaux, publiés dans la revue Scientific Report, affirment que les lecteurs non experts préfèrent les poèmes écrits par l’IA à ceux de poètes célèbres comme Shakespeare ou Sylvia Plath. Une découverte qui ne manque pas de faire réagir le monde littéraire.
L’IA se mesure aux géants de la poésie
Pour mener leur expérience, les chercheurs ont demandé au célèbre agent conversationnel ChatGPT de générer des poèmes imitant le style de dix illustres poètes de langue anglaise, tels que William Shakespeare, Emily Dickinson ou encore Allen Ginsberg. Ils ont ensuite soumis un mélange de poèmes originaux et de créations de l’IA à un panel de plus de 1600 lecteurs.
Les résultats sont édifiants : non seulement la plupart des participants n’ont pas su distinguer les vers artificiels des authentiques, mais ils ont globalement préféré ceux produits par ChatGPT ! Les poèmes de l’IA ont été jugés plus beaux, plus émouvants et plus originaux que ceux des véritables auteurs.
Une IA plus accessible que les grands poètes ?
Comment expliquer un tel engouement pour la poésie artificielle ? Selon les chercheurs, l’IA aurait un style plus direct et accessible, communiquant «des émotions, des idées et des thèmes de façon plus directe et dans un langage facile à comprendre». À l’inverse, les grands poètes utilisent souvent un vocabulaire complexe et des figures de style qui peuvent dérouter le lecteur non initié.
Le principe même de la poésie est de récompenser l’étude et l’analyse des mots, chose que l’intelligence artificielle n’est pas capable de faire
Brian Porter et Edouard Machery, chercheurs à l’université de Pittsburgh
Faut-il craindre une poésie sans âme ?
Si la prouesse technologique est indéniable, certains s’inquiètent de voir l’IA concurrencer les véritables artistes. Les chercheurs eux-mêmes reconnaissent que la poésie ne se résume pas à des mots bien agencés, mais implique une profondeur et une sensibilité proprement humaines. Ils appellent les gouvernements à se pencher sur les enjeux de l’IA créative.
D’autres y voient au contraire une formidable opportunité de démocratiser la poésie et d’inspirer les auteurs en herbe. Après tout, les outils d’aide à l’écriture existent depuis longtemps sans avoir tué la créativité. L’IA pourrait devenir un nouveau compagnon des poètes, à condition de l’utiliser avec discernement.
Vers une collaboration entre l’humain et la machine ?
Plutôt que d’opposer l’humain et l’IA, certains imaginent déjà une coopération fructueuse entre les deux. Le poète pourrait utiliser les suggestions de l’IA comme point de départ avant d’y insuffler sa sensibilité unique. On peut même rêver à de nouvelles formes de création mêlant le meilleur des deux mondes.
Une chose est sûre : l’irruption de l’IA dans le domaine de la création littéraire ne laisse personne indifférent. Elle nous oblige à repenser notre rapport à l’art et à l’écriture. Les prochaines années s’annoncent passionnantes pour la poésie, qu’elle soit naturelle ou artificielle !