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Fusillade à la Résidence de l’Ex-Chef des Renseignements du Soudan du Sud

Tirs nourris près de l'aéroport de Juba alors que les forces de sécurité tentaient d'arrêter le puissant ex-chef des services de renseignement Akol Koor. De nombreuses victimes sont à déplorer. Le pays reste instable malgré...

La capitale du Soudan du Sud, Juba, a été le théâtre d’une intense fusillade ce jeudi soir aux abords de la résidence d’Akol Koor, l’ex-chef des puissants services de renseignement du pays récemment limogé de ses fonctions. Selon une source proche du dossier, il s’agirait d’une tentative d’arrestation qui aurait mal tourné.

Les échanges de tirs nourris ont débuté vers 19h heure locale et ont duré environ une heure, semant la panique parmi la population. Des témoins ont rapporté que de nombreux véhicules avaient été abandonnés par leurs conducteurs cherchant à fuir les violences.

Une opération militaire qui dégénère

D’après un porte-parole militaire, les forces de sécurité avaient été déployées à la résidence d’Akol Koor pour « assurer une sécurité supplémentaire ». Mais un « malentendu » aurait provoqué une escalade, faisant plusieurs blessés parmi les soldats. Une source impliquée affirme que l’arrestation a finalement eu lieu après d’intenses combats, avec potentiellement « des dizaines de morts ou de blessés » dans les rangs de l’ex-chef du renseignement, une information non confirmée officiellement.

Un limogeage et une nomination controversés

Akol Koor, en poste depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, a été démis de ses fonctions en octobre dernier par le président Salva Kiir. Il a alors été nommé gouverneur de l’État instable de Warrap, une décision qui n’a pas été motivée mais qui est intervenue peu après le report pour deux ans des premières élections du pays.

Un pays miné par l’instabilité

Le Soudan du Sud a sombré dans une guerre civile meurtrière deux ans seulement après son indépendance, sur fond de rivalité entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Ce conflit a fait 400 000 morts et des millions de déplacés. Malgré un accord de paix, le pays reste gangréné par les luttes de pouvoir, la corruption et les conflits ethniques.

Cette fusillade démontre une nouvelle fois l’extrême fragilité de la situation au Soudan du Sud, où les règlements de compte entre factions rivales peuvent dégénérer à tout moment.

Un analyste de la région

Les tensions sont particulièrement vives au sein de l’appareil sécuritaire, miné par les rivalités ethniques et les allégeances fluctuantes. Le limogeage d’Akol Koor, appartenant à l’ethnie Dinka comme le président Kiir mais soupçonné de s’être rapproché de l’opposition, en est une illustration.

La communauté internationale appelle au calme

Face à ce nouveau pic de violences, la mission de l’ONU dans le pays (MINUSS) a appelé toutes les parties à la retenue. Dans un communiqué, elle a exhorté les autorités sud-soudanaises à « tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur ces incidents, traduire les responsables en justice et prendre les mesures nécessaires afin d’empêcher de nouvelles escalades ».

De son côté, le gouvernement a assuré qu’il restait « pleinement engagé en faveur de la paix et de la stabilité » et que la situation était « sous contrôle ». Mais pour de nombreux observateurs, ces événements démontrent une fois de plus l’extrême volatilité d’un pays qui peine toujours à tourner la page d’années de guerre civile.

Sans un réel engagement de tous les acteurs en faveur du dialogue et de la réconciliation, le Soudan du Sud restera dans un état de crise permanent, au détriment de sa population.

Un diplomate occidental

Cette nouvelle poussée de fièvre rappelle l’urgence de s’attaquer aux racines de l’instabilité chronique du plus jeune pays du monde. Un défi immense pour un État en lambeaux, où les armes ont trop souvent pris le pas sur la politique.

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