À l’approche de l’élection présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire, la question de la révision des listes électorales est au cœur des préoccupations. Selon des sources proches de la Commission électorale indépendante (CEI), près d’un million de nouveaux électeurs pourraient faire leur entrée dans les bureaux de vote ivoiriens.
Une progression significative malgré un enrôlement en deçà des attentes
Du 19 octobre au 17 novembre, la CEI a procédé à une vaste opération de révision des listes électorales sur l’ensemble du territoire. L’objectif affiché était ambitieux : intégrer pas moins de 4,5 millions de primo-votants. Si le résultat provisoire de 943 157 nouvelles demandes d’inscription peut sembler en-deçà des espérances initiales, il marque néanmoins une nette progression par rapport à la précédente révision de 2022-2023.
En effet, lors de ce dernier exercice, seuls 575 489 nouveaux requérants avaient été enregistrés par les services de la commission. Une hausse de près de 64% du nombre de primo-inscrits qui témoigne d’une mobilisation croissante de la jeunesse ivoirienne à l’approche de cette échéance électorale majeure.
Un potentiel électoral encore sous-exploité
Malgré ces chiffres encourageants, la CEI tempère son enthousiasme. Les données collectées restent provisoires et “susceptibles de changements après traitement”. De plus, comme l’a souligné un responsable de l’institution, moins d’“un quart du potentiel de nouveaux électeurs attendus” a finalement sollicité son inscription sur les listes.
Un constat qui n’a pas manqué de faire réagir les formations politiques d’opposition. Tidjane Thiam, président du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), premier parti d’opposition, a ainsi réclamé une “prolongation” de la période d’enrôlement. Une position partagée par le PPA-CI de l’ex-président Laurent Gbagbo qui milite pour un délai supplémentaire “d’au moins trois mois” afin de “permettre à tous les Ivoiriens de s’inscrire”.
Les contentieux électoraux en ligne de mire
Au-delà de la question du nombre d’inscrits, c’est bien la fiabilité globale de la liste électorale qui préoccupe les différents acteurs politiques. Pour Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, “la mauvaise gestion de la liste électorale constitue les prémisses des dangers qui se profilent à l’horizon”. Des craintes avivées par les 1207 requêtes en radiation d’électeurs supposés décédés enregistrées par la CEI, qui devront faire l’objet de vérifications approfondies.
La transparence et la rigueur dans la gestion des listes électorales seront déterminantes pour garantir la crédibilité et l’acceptation des résultats de la présidentielle de 2025.
Un observateur politique ivoirien
Vers une présidentielle sous haute tension
Dans un contexte politique tendu, marqué par les incertitudes autour d’une éventuelle candidature du président sortant Alassane Ouattara pour un quatrième mandat, la question de la sincérité du scrutin s’annonce centrale. Avec un corps électoral estimé à 8 millions d’inscrits en 2023, sur une population totale de 29 millions d’habitants, la Côte d’Ivoire joue gros lors de cette présidentielle à venir.
La publication de la liste électorale provisoire dans les bureaux de vote dès mars prochain marquera le coup d’envoi d’une longue séquence de contentieux, avant une liste définitive espérée pour juin. Un chemin semé d’embûches qui testera la solidité des institutions ivoiriennes et la capacité des acteurs politiques à préserver la paix chèrement acquise.
Les élections de 2025 seront un test majeur pour notre démocratie. Il est impératif que tous les citoyens en âge de voter puissent s’exprimer dans les urnes.
Un responsable de la société civile ivoirienne