Alors que les vacances de Noël approchent à grands pas, l’épée de Damoclès d’une grève SNCF reconduite plane au-dessus de la tête des voyageurs. En effet, en cette fin novembre 2024, les syndicats de cheminots brandissent une nouvelle fois la menace d’un mouvement social paralysant au moment des fêtes de fin d’année, crucial pour les retrouvailles en famille.
Une situation qui met le gouvernement sous pression, avec en première ligne le ministre délégué aux Transports François Durovray. Pour éteindre l’incendie, il a fait une annonce ce jeudi matin sur les ondes de RMC : les négociations salariales annuelles à la SNCF auront désormais lieu en janvier, et non plus en décembre comme c’était le cas jusqu’à présent. Une mesure “très simple” selon lui, prise en concertation avec le PDG de l’entreprise ferroviaire Jean-Pierre Farandou.
L’objectif affiché est clair : “On ne veut plus vivre sous la menace d’une grève”, martèle le ministre. En reportant les discussions, le gouvernement espère enlever une épine du pied des voyageurs pour les fêtes et réduire la pression des syndicats lors de cette période particulièrement sensible.
Des revendications salariales toujours brûlantes
Mais le compte n’y est pas pour les organisations syndicales. Même si le trafic était peu perturbé ce jeudi, journée de mobilisation nationale, elles n’excluent pas de remettre le couvert en décembre, comme l’a confirmé une source proche des discussions. Les augmentations salariales restent le cœur des revendications des cheminots, qui jugent insuffisante la proposition de la direction d’une hausse de 2,2%, alors même que l’inflation dépasse les 3%.
En parallèle, les syndicats s’inquiètent de l’avenir de la branche Fret SNCF, déficitaire, dont la restructuration pourrait menacer des emplois. Un dossier explosif qui est loin d’être refermé.
La responsabilité des syndicats pointée du doigt
Du côté du gouvernement et de la direction, on appelle les grévistes à la “responsabilité”. “Personne ne comprend ce mouvement”, déplore François Durovray, rappelant que les cheminots bénéficient déjà de la “bonne santé de leur entreprise”. Des propos qui font écho à ceux tenus dimanche par Jean-Pierre Farandou, exhortant les cheminots à “rester du côté des Français” et éviter la grève.
Pour tenter de désamorcer le conflit, le PDG a mis sur la table des contreparties, comme une amélioration du déroulement de carrière pour les conducteurs et des mesures pour la qualité de vie au travail. Suffisant pour convaincre des syndicats remontés ? Rien n’est moins sûr.
Le service minimum, un outil anti-grève ?
En coulisses, certains ministres poussent désormais pour aller plus loin et légiférer sur le droit de grève dans les transports, via l’instauration d’un service minimum. Une option sensible, qui divise la majorité présidentielle. Si le sujet est “posé”, reconnaît François Durovray, il n’est pour l’instant pas tranché, le gouvernement préférant jouer la carte de la négociation.
Il faut trouver un équilibre entre le droit de grève, qui est constitutionnel, et la continuité du service public, en particulier pour un service public aussi essentiel que les transports.
François Durovray, ministre délégué aux Transports
L’exécutif marche donc sur des œufs, conscient qu’une réforme brutale pourrait mettre le feu aux poudres. D’autant que l’opinion publique semble partagée sur ce dossier inflammable : si beaucoup d’usagers exaspérés réclament des trains à Noël, une partie non négligeable de la population reste attachée au droit de grève et se méfie d’une remise en cause.
L’incertitude plane pour les voyageurs
En attendant, c’est la valse-hésitation pour les Français qui doivent planifier leurs trajets pour les vacances. Faut-il réserver son billet de train maintenant, au risque de tomber sur un jour de grève ? Miser plutôt sur le covoiturage, au détriment du confort ? Se rabattre sur la voiture, quitte à subir des bouchons et payer plus cher son carburant ?
Des questions qui restent pour l’instant sans réponse claire, et qui tiennent en haleine de nombreux foyers, priant pour une trêve des confiseurs sur les rails. Un souhait que le gouvernement espère exaucer avec sa manœuvre de report des négociations, dont l’efficacité reste à prouver.
Verdict dans les prochaines semaines, alors que le climat social reste électrique et les revendications intactes. Une chose est sûre : la SNCF sera, plus que jamais, sous les projecteurs en cette fin d’année. Le sort des fêtes de millions de Français se joue en partie dans ses wagons.