Alors que de nombreux Britanniques espéraient voir leur pouvoir d’achat s’améliorer après des mois d’inflation élevée, celle-ci est repartie à la hausse en octobre, atteignant 2,3% sur un an. Une augmentation inattendue qui suscite l’inquiétude, en particulier chez les ménages les plus modestes à l’approche de l’hiver.
Les prix de l’énergie, principaux moteurs de l’inflation
D’après les données publiées par l’Office national des statistiques (ONS), ce rebond de l’inflation est essentiellement dû à la hausse des coûts du gaz et de l’électricité au mois d’octobre. Le régulateur du secteur de l’énergie, l’Ofgem, a en effet relevé de 10% le plafond tarifaire pour un ménage moyen, mettant fin à plusieurs mois de baisse des factures depuis les pics atteints après le début de la guerre en Ukraine.
Cette remontée des prix de l’énergie intervient alors que de nombreuses familles peinent toujours à faire face au coût de la vie, comme l’a souligné Darren Jones, secrétaire en chef du Trésor britannique. L’association de lutte contre la pauvreté énergétique NEA a d’ailleurs alerté sur les conséquences dévastatrices de la vague de froid actuelle pour les personnes les plus vulnérables.
Un plafond tarifaire en question
Le plafond tarifaire fixé par l’Ofgem chaque trimestre est censé refléter les évolutions du marché et trouver un équilibre entre les intérêts des fournisseurs et des consommateurs. Mais sa hausse d’octobre, et celle attendue pour janvier selon les projections, suscitent des interrogations sur son efficacité à protéger les ménages les plus fragiles.
La vague de froid actuelle a déjà des conséquences dévastatrices sur les personnes les plus vulnérables, avec des factures d’énergie inabordables et beaucoup moins d’aides disponibles cet hiver.
– L’association de lutte contre la pauvreté énergétique NEA
Un défi pour le gouvernement britannique
Face à cette situation préoccupante, le gouvernement a présenté fin octobre un budget combinant hausses d’impôts massives et emprunts exceptionnels. Il prévoit aussi une augmentation du salaire minimum et un gel des taxes sur les carburants pour soutenir le pouvoir d’achat, tout en évitant d’alourdir les impôts des travailleurs.
Néanmoins, certains économistes craignent que ces hausses de salaires ne finissent par alimenter l’inflation à long terme. La Banque d’Angleterre avait d’ailleurs déjà relevé ses taux directeurs à plusieurs reprises depuis fin 2021 pour endiguer l’envolée des prix, au prix de crédits plus chers pour les particuliers et entreprises.
Quelle trajectoire pour l’inflation britannique ?
Le rebond d’octobre remet en question la tendance baissière de l’inflation observée ces derniers mois au Royaume-Uni, après un pic à 11,1% en octobre 2022. Les économistes s’attendent désormais à ce qu’elle reste supérieure à l’objectif de 2% de la Banque d’Angleterre à court terme.
Ce contexte plaidera pour une politique monétaire prudente, avec un maintien probable des taux à un niveau élevé, voire de nouvelles hausses, comme l’anticipe Ruth Gregory de Capital Economics. Une perspective qui risque de peser encore sur le budget et le moral des ménages britanniques dans les mois à venir.
L’inflation reste donc un défi majeur outre-Manche, avec des conséquences sociales et économiques potentiellement lourdes si la tendance venait à s’installer durablement. Le gouvernement et la banque centrale devront redoubler de vigilance et trouver le bon équilibre dans leurs réponses pour protéger les plus vulnérables sans compromettre la reprise.