Selon des informations obtenues d’une source proche du dossier, le nouveau président américain Donald Trump s’active déjà pour enterrer l’embarrassante affaire Stormy Daniels qui le poursuit depuis des années. Mardi, un juge new-yorkais doit se prononcer sur l’éventualité de geler voire d’abandonner totalement les poursuites contre le républicain dans cette affaire de paiements cachés à l’actrice de films pour adultes.
Pour rappel, le 30 mai dernier, à l’issue d’un procès historique de six semaines en pleine campagne présidentielle, Donald Trump avait été reconnu coupable de 34 délits de falsifications comptables par un jury populaire. L’objectif de ces malversations : dissimuler un paiement de 130 000 dollars à Stormy Daniels juste avant l’élection de 2016 pour acheter son silence sur une liaison extra-conjugale présumée, et ainsi éviter un scandale fatal à quelques jours du scrutin.
Une peine de prison transformée en sursis présidentiel ?
Initialement prévue le 11 juillet, la sentence – qui peut aller d’une simple amende jusqu’à plusieurs années de prison – avait déjà été repoussée à deux reprises par le juge Juan Merchan, d’abord au 18 septembre puis au 26 novembre, soit après l’élection présidentielle de 2024. Un délai accordé pour étudier de nouveaux recours déposés par la défense de Donald Trump.
Mais désormais, la donne a changé. Avec son élection à la Maison Blanche, Donald Trump pourrait bien échapper à toute condamnation, au moins jusqu’à la fin de son mandat en 2029. Ses avocats ont en effet demandé au tribunal « la suspension et le rejet de l’affaire pour éviter que le président Trump ne soit empêché de gouverner », invoquant des « circonstances exceptionnelles ».
La Cour suprême au secours de Trump
Avant même le scrutin du 5 novembre, la défense avait déjà réclamé l’annulation pure et simple de la procédure, s’appuyant sur une décision controversée de la Cour suprême en juillet dernier. Cette juridiction à majorité conservatrice avait en effet considérablement élargi l’immunité présidentielle, une aubaine pour Donald Trump.
Ses avocats arguent ainsi que certaines preuves utilisées par l’accusation relèvent en réalité d’actes officiels durant son premier mandat, et ne peuvent donc pas être retenues contre lui. Un argument de poids qui pourrait bien faire pencher la balance en faveur de l’ex-magnat de l’immobilier.
Le parquet concède des “circonstances exceptionnelles”
Face à cette situation inédite, le parquet de Manhattan semble déjà résigné. Dans des échanges rendus publics, les procureurs concèdent que les “circonstances sont exceptionnelles” avec l’élection de Donald Trump. Ils appellent néanmoins à trouver un “équilibre” entre le respect du “verdict de culpabilité d’un jury après un procès” et la “fonction présidentielle”.
Mais l’équation s’annonce compliquée. Si l’affaire Stormy Daniels dépend de la justice de l’État de New York et non de la justice fédérale comme les autres dossiers visant Trump, beaucoup appellent malgré tout à enterrer les poursuites. “Le verdict ultime démocratique sur ces poursuites a été rendu par les électeurs”, estime ainsi un avocat spécialiste de la Cour suprême.
Malgré les poursuites, plus de 75 millions de personnes ont décidé de le renvoyer à la Maison Blanche.
Thomas Goldstein, expert de la Cour suprême
Une peine adaptée à la fonction présidentielle ?
D’autres voix, minoritaires, s’élèvent toutefois pour réclamer que la justice aille au bout. “L’élection ne devrait pas empêcher la sentence de tomber”, plaide l’ex-procureur Randall Eliason, suggérant que le juge “élabore une peine qui n’entravera pas les fonctions présidentielles” de Donald Trump.
Reste à voir quelle décision prendra le juge Merchan ce mardi. Une chose est sûre, les enjeux dépassent largement le sort personnel de Donald Trump. C’est le rapport de force entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif qui est en jeu, avec des conséquences potentiellement lourdes pour l’équilibre des institutions américaines. L’affaire Stormy Daniels n’a sans doute pas fini de faire parler d’elle.