ActualitésPolitique

Le pari controversé d’Olaf Scholz : “Chancelier de la paix” avant les élections

Le chancelier Olaf Scholz tente un pari risqué en se présentant en "chancelier de la paix" suite à un appel controversé avec Poutine. Manœuvre électorale ou réelle volonté diplomatique ? Les critiques fusent...

Le chancelier allemand Olaf Scholz a pris la défense de son entretien téléphonique controversé d’une heure avec le président russe Vladimir Poutine. Cet échange, le premier entre les deux dirigeants depuis près de deux ans, a suscité de vives critiques. Beaucoup y voient une manœuvre électorale risquée de la part du chancelier pour se positionner en tant que “chancelier de la paix” à l’approche d’élections législatives anticipées périlleuses pour son parti.

Une mise au point nécessaire mais mal perçue

Face au tollé, Olaf Scholz a tenu à rassurer : “L’Ukraine peut compter sur nous” et “aucune décision ne sera prise par-dessus la tête de l’Ukraine”, a-t-il déclaré avant de s’envoler pour le sommet du G20 à Rio. Le chef du gouvernement allemand a justifié cet appel en expliquant qu’il fallait dire à Poutine “qu’il ne doit pas compter sur le fait que le soutien de l’Allemagne, de l’Europe et de beaucoup d’autres dans le monde à l’Ukraine va s’affaiblir”.

Mais ses arguments peinent à convaincre. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reproché à Scholz d’avoir ouvert la “boîte de Pandore”. Le Premier ministre polonais s’est joint aux critiques, soulignant que l’attaque russe massive sur l’Ukraine dans la nuit suivant l’appel “a prouvé que la diplomatie par téléphone ne peut remplacer un véritable soutien de l’ensemble de l’Occident” à Kiev.

Un chancelier affaibli qui veut se démarquer

Olaf Scholz traverse une passe difficile. Affaibli et privé de majorité parlementaire stable depuis l’éclatement de sa coalition, il est la cible des attaques de l’opposition conservatrice qui l’accuse d’avoir fait le jeu de la “propagande” du Kremlin. D’après ses détracteurs, cet appel relevait surtout d’un calcul électoral, le chancelier voulant se présenter en homme de dialogue à l’approche d’élections législatives anticipées prévues le 23 février, alors que son parti social-démocrate (SPD) est distancé dans les sondages.

Une partie de l’opinion publique s’inquiète de l’enlisement du conflit et des efforts consentis par l’Allemagne, deuxième contributeur d’aide militaire à l’Ukraine après les États-Unis. Les scores record réalisés par le parti d’extrême droite AfD et une nouvelle formation d’extrême gauche (BSW) lors de récents scrutins régionaux en témoignent. Ces deux mouvements réclament l’arrêt des livraisons d’armes à Kiev.

Un “mauvais signal” qui passe mal, même chez les alliés

La manœuvre d’Olaf Scholz est également critiquée à l’international. En France, l’ancien président François Hollande a estimé que cela envoyait un “mauvais signal” à un moment où Donald Trump, partisan d’une ligne plus conciliante avec Moscou, prépare son retour à la Maison Blanche.

Sur le fond, cet appel n’a rien donné de concret, chaque dirigeant campant sur ses positions. Mais la forme et le timing interrogent. Au sein même du SPD, des voix s’élèvent pour réclamer que le ministre de la Défense Boris Pistorius, bien plus populaire, remplace Olaf Scholz comme chef de file pour les prochaines élections.

Miser sur la diplomatie, un pari perdant ?

Le chancelier a réaffirmé sa détermination à s’engager dans la bataille électorale avec “l’objectif de gagner”. Mais sa tentative de se poser en “chancelier de la paix” à travers cet appel surprise à Vladimir Poutine ressemble de plus en plus à un pari perdant.

Cette initiative solitaire brouille le message occidentalclear de fermete face a l’agresseur russe. Elle donne aussi l’impression qu’Olaf Scholz cherche à gagner du temps et à ménager son opinion publique, au risque d’affaiblir le soutien européen à l’Ukraine. Un signal inquiétant à l’heure où l’unité et la détermination des alliés sont plus que jamais nécessaires pour faire face à Vladimir Poutine.

Scholz veut maintenant jouer au ‘chancelier de la paix’ et, en s’alignant sur Poutine, il méconnaît l’objectif de la Russie.

TAZ, quotidien de gauche allemand
Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.