Selon les derniers chiffres publiés par les autorités britanniques, la croissance économique du pays a nettement ralenti au troisième trimestre 2024, progressant à peine de 0,1% entre juillet et septembre. Ce coup de frein plus important qu’anticipé par les économistes suscite l’inquiétude au sein du gouvernement travailliste, qui avait fait de la relance une priorité absolue depuis son arrivée au pouvoir en juillet dernier.
Des réformes ambitieuses pour doper l’économie
Face à ce ralentissement, la ministre des Finances Rachel Reeves a immédiatement réagi, se déclarant insatisfaite de ces chiffres de croissance. Son budget présenté fin octobre, marqué par des hausses d’impôts massives et des emprunts records, visait justement à rétablir les fondations de l’économie britannique et à assurer une croissance durable via l’investissement et les réformes.
Parmi les mesures phares annoncées, figurent notamment des changements de réglementation pour favoriser la prise de risques dans les services financiers. Mme Reeves a en effet jugé que les règles mises en place après la crise financière de 2008 étaient désormais trop contraignantes et bridaient la croissance du pays. Elle souhaite aussi “réinitialiser” la relation économique avec l’Union européenne, premier partenaire commercial du Royaume-Uni.
Miser sur les retraites et un fonds souverain
Le gouvernement travailliste mise également sur l’épargne retraite pour soutenir l’économie. Le projet de créer des “mégafonds” de pension, en regroupant de nombreuses petites caisses locales, devrait permettre de dégager jusqu’à 96 milliards d’euros d’investissements supplémentaires dans les entreprises et les infrastructures britanniques.
Autre levier identifié par les autorités : la mise en place d’un fonds souverain national, qui sera doté à terme de plus de 33 milliards d’euros. Mais certains experts estiment que les mesures budgétaires, en alourdissant les charges des entreprises, pourraient dans un premier temps peser sur l’activité avant que les réformes de relance ne produisent leurs effets.
Une dynamique de croissance à retrouver
Sur le troisième trimestre 2024, seuls quelques secteurs comme le commerce de détail et la construction ont tiré la croissance britannique, pendant que les télécoms et le commerce de gros plombaient l’activité. Selon l’Office national des statistiques (ONS), le PIB a même reculé de 0,1% sur le seul mois de septembre. Si l’économie avait rebondi en début d’année après la récession de 2023, la dynamique s’essouffle.
“Il est clair que l’économie est un peu moins dynamique que nous le pensions”
Ruth Gregory, analyste chez Capital Economics
Pour autant, les économistes tablent sur un retour de la croissance dans les trimestres à venir, portée notamment par les dépenses budgétaires financées par la dette. L’organisme public de prévision OBR a ainsi revu à la hausse ses anticipations de croissance pour 2024 (+1,1%) et 2025 (+2%). Une perspective partagée par le FMI.
Des risques à ne pas négliger
Mais des incertitudes demeurent. En plus de l’impact récessif à court terme des hausses d’impôts, certains analystes s’inquiètent du risque d’une guerre commerciale liée à l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre prochain. Un scénario qui pourrait anéantir les efforts de relance britanniques.
Le gouvernement travailliste est donc face à un défi de taille. Il doit impérativement réussir ses réformes économiques et financières pour renouer durablement avec la croissance, tout en restant vigilant aux risques externes. Les prochains mois seront déterminants pour juger de la réussite de son pari.