Dans un récent développement de la lutte contre le terrorisme au Sahel, l’armée tchadienne a infligé de lourdes pertes au groupe jihadiste Boko Haram lors d’une série de frappes aériennes dévastatrices. Selon une déclaration du président Mahamat Idriss Déby Itno, cette contre-offensive baptisée “opération Haskanite” a « provoqué beaucoup de morts et de blessés » dans les rangs des combattants extrémistes.
Une riposte foudroyante contre Boko Haram
Lancée fin octobre en réponse à une attaque de Boko Haram contre une position de l’armée tchadienne sur l’île de Barkaram, l’opération Haskanite se veut « purement militaire et sécuritaire ». Son objectif : sécuriser les populations locales et « anéantir la capacité de nuisance » du groupe terroriste, comme l’a souligné le Premier ministre Abderahim Bireme Hamid.
Depuis son quartier général dans la province du lac Tchad, le président Déby a personnellement supervisé ces raids aériens qui ont semé le chaos chez l’ennemi. Les détails sur le nombre exact de pertes jihadistes n’ont pas été communiqués, mais selon le chef de l’État, les dégâts sont considérables.
Le lac Tchad, épicentre de la menace jihadiste
Cette vaste zone marécageuse à cheval entre le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Cameroun est devenue le sanctuaire des combattants de Boko Haram et de sa faction dissidente, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Ses innombrables îlots offrent des caches idéales aux groupes armés qui terrorisent la région.
Face à cette menace transnationale, les quatre pays riverains ont mis sur pied en 2015 la Force multinationale mixte (FMM), une coalition militaire de 8 500 hommes. Mais malgré cet effort conjoint, les soldats tchadiens restent en première ligne et payent un lourd tribut, comme en témoigne l’embuscade meurtrière de mars 2020 qui avait coûté la vie à près de 100 militaires.
Le Tchad « continuera à lutter contre le terrorisme »
Tout en se félicitant du succès de l’opération Haskanite, le président Déby a exprimé sa déception face au manque de soutien des pays voisins dans cette contre-offensive. Un sentiment d’abandon qui n’entame pas pour autant la détermination du Tchad à poursuivre le combat :
Le Tchad continuera à lutter contre le terrorisme.
Mahamat Idriss Déby Itno, président du Tchad
Élu en octobre dernier, Mahamat Déby marche dans les pas de son père, l’ex-président Idriss Déby Itno, tombé au combat en avril 2021 lors d’une opération contre des rebelles. Comme lui, le jeune dirigeant n’hésite pas à enfiler l’uniforme pour mener ses troupes au front, avec la ferme intention de faire plier les groupes jihadistes qui ensanglantent le Sahel depuis plus d’une décennie.
Mais au-delà des victoires militaires ponctuelles, c’est une stratégie globale et concertée qui fait encore défaut pour venir à bout de l’hydre terroriste. Le président Déby en est conscient, lui qui appelle de ses vœux une implication plus forte de la communauté internationale et une meilleure coopération entre les pays concernés.
Car si l’opération Haskanite a porté un coup sévère à Boko Haram, nul doute que le groupe jihadiste tentera de se relever et de reprendre son entreprise macabre. Il faudra plus que des raids aériens, aussi dévastateurs soient-ils, pour briser définitivement ce cycle de violence qui mine la région du lac Tchad et tout le Sahel depuis trop longtemps.