Au Guatemala, un vent de changement souffle avec l’arrivée au pouvoir du nouveau président Alejandro Arévalo en janvier dernier. Et ce vent s’accompagne d’une volonté affichée de lutter contre la corruption qui gangrène le pays depuis des années. Première action forte : le dépôt d’une plainte contre l’ancien président Alejandro Giammattei pour abus de pouvoir et trafic d’influence.
Une embauche douteuse au cœur du scandale
Tout commence en janvier 2021, lorsque Giammattei approuve l’embauche d’un certain Melvin Quijivix comme conseiller au Secrétariat général de planification et de programmation de la présidence (Segeplan). Un poste qu’il n’occupera en réalité jamais selon le gouvernement actuel. À la place, Quijivix est nommé au conseil d’administration de l’Institut national d’électrification (Inde) qu’il finit par présider.
Problème : deux ans plus tard, ce même Quijivix est sanctionné par les États-Unis pour corruption. Lorsqu’il est démis de ses fonctions en janvier dernier, il réclame des indemnités. Et là, coup de théâtre. On découvre qu’il a perçu plus de 100 000 dollars de salaires et avantages pour un travail jamais réalisé au Segeplan !
Le poste a été créé comme un “passe-droit” permettant d’accéder à l’Inde, où M. Quijivix s’est livré à des actes de corruption et de népotisme.
Carlos Mendoza, chef du Segeplan
Un système de corruption “systématique et planifié”
Pour le gouvernement Arévalo, il ne s’agit pas d’un simple dérapage individuel mais bien d’un système de corruption organisé au plus haut niveau de l’État. D’après Julio Flores, directeur de la Commission nationale contre la corruption, un organisme créé par le nouveau gouvernement :
La corruption a été menée de manière systématique et planifiée.
Julio Flores
La plainte, qui doit être formalisée ce lundi au tribunal, vise Giammattei mais aussi l’ancienne directrice du Segeplan, Keila Gramajo, ainsi que Quijivix lui-même. Les chefs d’accusation sont multiples : abus de pouvoir, trafic d’influence, fraude…
Une immunité qui complique la tâche
Toutefois, obtenir justice ne sera pas chose aisée. Car même s’il a quitté le pouvoir, Giammattei bénéficie toujours d’une immunité jusqu’en 2028 grâce à son statut de membre du Parlement centraméricain. Une protection dont il pourrait user et abuser pour échapper aux poursuites.
D’autant que la procureure générale du pays, Consuelo Porras, est elle aussi visée par des sanctions américaines pour corruption. Le président Arévalo tente de la destituer mais il a besoin pour cela du soutien du Congrès. Rien n’est donc joué.
Un test pour la crédibilité du nouveau pouvoir
Cette affaire est un véritable test pour Arévalo, élu sur une promesse de lutte contre la corruption. Lui qui a fait de ce combat son cheval de bataille doit maintenant prouver qu’il peut passer de la parole aux actes. Et ce malgré les obstacles institutionnels et les résistances d’un système bien enraciné.
Pour l’heure, les Guatémaltèques attendent de voir si cette plainte aura des suites concrètes ou si elle restera au stade des effets d’annonce. Car dans ce pays miné par la corruption, les paroles ne suffisent plus. Le peuple veut des preuves tangibles d’un vrai changement. L’affaire Giammattei sera un premier indicateur de la détermination et de la capacité du nouveau pouvoir à tenir ses engagements. Le Guatemala retient son souffle.
Cette affaire est un véritable test pour Arévalo, élu sur une promesse de lutte contre la corruption. Lui qui a fait de ce combat son cheval de bataille doit maintenant prouver qu’il peut passer de la parole aux actes. Et ce malgré les obstacles institutionnels et les résistances d’un système bien enraciné.
Pour l’heure, les Guatémaltèques attendent de voir si cette plainte aura des suites concrètes ou si elle restera au stade des effets d’annonce. Car dans ce pays miné par la corruption, les paroles ne suffisent plus. Le peuple veut des preuves tangibles d’un vrai changement. L’affaire Giammattei sera un premier indicateur de la détermination et de la capacité du nouveau pouvoir à tenir ses engagements. Le Guatemala retient son souffle.