Dans un contexte de tensions sécuritaires accrues, la Suède a pris une décision radicale qui risque de freiner son développement éolien offshore. Selon une source proche du gouvernement, 13 projets de parcs éoliens prévus le long des côtes suédoises en mer Baltique ont été annulés pour des raisons de sécurité nationale.
Un impact jugé “inacceptable” sur la défense
D’après une étude réalisée par les forces armées suédoises, ces projets auraient pu perturber significativement les capteurs de défense du pays déployés dans la Baltique. Les imposantes éoliennes, avec leurs tours et leurs pales rotatives, génèrent en effet de nombreuses interférences radar, notamment sous l’eau.
Au vu de la situation sécuritaire grave que connaît actuellement la Suède, les intérêts de la défense doivent peser plus lourd dans la balance.
– Pål Jonson, ministre suédois de la Défense
Concrètement, le maintien des 13 parcs éoliens aurait divisé par deux le délai de détection d’une éventuelle attaque de missiles, passant de deux à une minute seulement. Un risque jugé inacceptable par les autorités.
L’ombre menaçante de l’enclave russe de Kaliningrad
Parmi les facteurs ayant pesé dans la décision, la proximité de l’enclave russe “hautement militarisée” de Kaliningrad a été un élément central, selon une source gouvernementale. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, les tensions régionales sont en effet à leur paroxysme.
L’OTAN a d’ailleurs récemment ouvert une nouvelle base militaire à Rostock, dans le nord de l’Allemagne, pour mieux coordonner les forces des pays membres face à la menace russe en mer Baltique.
Objectifs énergétiques ambitieux vs impératifs sécuritaires
Mais cette annulation de projets éoliens intervient alors même que la Suède affiche des besoins énergétiques croissants, avec une consommation d’électricité qui pourrait doubler d’ici 2045 pour atteindre 300 TWh, selon les projections officielles.
Le développement massif des énergies renouvelables, et notamment de l’éolien offshore, figurait jusqu’à présent parmi les grandes priorités stratégiques du pays pour y répondre. Un objectif qui semble aujourd’hui devoir être revu à la baisse, au moins en mer Baltique, face à l’aggravation des tensions géopolitiques aux portes de la Suède.
Reste à savoir si d’autres projets éoliens offshores pourraient connaître le même sort dans les mois à venir. Une chose est sûre : en Suède comme ailleurs en Europe, l’équation entre transition énergétique et sécurité nationale s’annonce de plus en plus complexe à résoudre.