ActualitésInternational

Record de migrants traversant la Manche en 2024

Un nombre record de plus de 30 000 migrants ont traversé la Manche pour rejoindre illégalement le Royaume-Uni depuis janvier 2024, malgré les promesses du nouveau gouvernement de...

Un nouveau sombre record vient d’être franchi dans la crise migratoire qui secoue l’Europe. Selon des données du ministère de l’Intérieur britannique, plus de 30 000 migrants ont réussi à rejoindre illégalement les côtes anglaises en traversant la Manche sur des embarcations de fortune depuis le début de l’année 2024. Un chiffre bien supérieur au bilan annuel de 2023 et qui met en lumière l’ampleur du défi auquel fait face le Royaume-Uni.

Une situation dramatique qui empire d’année en année

La tendance à la hausse des traversées clandestines de la Manche ne semble pas vouloir s’inverser malgré les efforts affichés par les autorités des deux côtés du détroit. Depuis 2018 et l’apparition du phénomène, le nombre de migrants tentant la périlleuse traversée à bord de canots pneumatiques et autres petites embarcations ne cesse d’augmenter. Un triste record avait déjà été établi en 2022 avec plus de 45 000 arrivées illégales enregistrées.

Si une légère baisse avait été observée en 2023 avec un peu moins de 30 000 traversées, la barre symbolique des 30 000 a de nouveau été franchie cette année, et ce dès le mois d’octobre. Rien que sur ce mois, près de 5 200 migrants ont débarqué sur les côtes du Kent, avec un pic à 564 arrivées pour la seule journée du mercredi 30 octobre, l’une des plus chargées jamais enregistrées.

Un lourd tribut humain

Cette intensification des traversées se fait malheureusement au prix de nombreuses vies humaines. 2024 est aussi l’année la plus meurtrière avec au moins 60 décès comptabilisés dans des naufrages survenus en tentant de gagner l’Angleterre, selon les données officielles françaises compilées par une agence de presse internationale. Le pire drame s’est déroulé le 3 septembre dernier, quand une embarcation surchargée s’est disloquée en mer, faisant au moins 12 victimes dont la moitié de mineurs.

Face à ces tragédies à répétition, les appels se multiplient des deux côtés de la Manche pour trouver des solutions humaines et durables afin de tarir les flux à la source et casser le business cynique et criminel des passeurs sans scrupules qui profitent de la détresse des candidats à l’exil.

Le casse-tête du nouveau gouvernement britannique

Arrivé au pouvoir en mai dernier, le nouveau gouvernement travailliste de Keir Starmer avait fait de la réduction de l’immigration clandestine l’une de ses priorités, sur fond de poussée dans les urnes du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage qui a raflé 14% des voix et 5 sièges aux dernières élections.

Mais pour l’instant, l’exécutif semble impuissant à endiguer le flot des arrivées, malgré un durcissement de ton et de nouvelles mesures, comme l’abandon controversé du projet d’expulsions de migrants vers le Rwanda, hérité de son prédécesseur conservateur. Le gouvernement mise désormais sur une lutte accrue contre les passeurs, avec la création d’un centre de commandement dédié dirigé par un ancien responsable de la police, et un appel à davantage de coopération avec ses voisins européens.

Mais beaucoup jugent ces dispositions insuffisantes et peinent à voir comment Keir Starmer pourra tenir sa promesse de campagne de réduire drastiquement l’immigration illégale. La crise des migrants met en lumière la délicate équation à laquelle est confronté le nouveau pouvoir travailliste, entre fermeté affichée sur le contrôle des frontières et volonté humaniste de mieux accueillir et intégrer les réfugiés.

Une crise migratoire européenne

Au-delà du cas britannique, c’est tout le continent européen qui est confronté à cet épineux défi migratoire. Selon le dernier rapport de l’agence européenne Frontex, plus de 300 000 entrées irrégulières ont été détectées aux frontières extérieures de l’UE en 2023, soit une hausse de 30% par rapport à 2022, déjà une année record.

Les routes des Balkans et de la Méditerranée centrale restent les plus empruntées pour tenter de gagner l’Europe, dans des conditions souvent effroyables avec son lot de drames et de morts, comme l’illustre le récent naufrage au large de la Grèce d’un chalutier surchargé ayant fait des centaines de victimes.

Face à l’ampleur du phénomène, l’UE cherche à définir une politique migratoire commune, oscillant entre renforcement du contrôle des frontières, accords de réadmissions avec les pays tiers et mécanisme de répartition des demandeurs d’asile entre États membres. Des discussions ardues qui achoppent sur les divergences entre une Europe de l’Est réticente à l’accueil et une Europe de l’Ouest plus ouverte mais débordée.

Un défi complexe appelé à durer

De l’aveu même des dirigeants européens, il n’existe pas de solution miracle pour résoudre ce casse-tête migratoire. Les facteurs de départs (guerres, pauvreté, persécutions, changement climatique…) sont multiples et profonds. Et le besoin de main d’œuvre du Vieux Continent est une réalité face au vieillissement démographique.

Mais dans un contexte de crispations identitaires et de montée des populismes, la tentation du repli et des réponses sécuritaires reste forte, comme en témoignent les scores élevés réalisés par les partis anti-immigrations dans de nombreux scrutins européens.

Entre fermeté et humanité, urgence et long terme, intérêts nationaux et solidarité européenne, la quadrature du cercle est loin d’être résolue. La question migratoire s’impose comme un des défis majeurs auxquels seront confrontés les européens dans les années à venir. Un test pour la cohésion et les valeurs d’un continent.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.