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Retraites : Un retour à 62 ans, est-ce réellement envisageable ?

Le RN veut faire revenir l'âge de départ à la retraite à 62 ans via une proposition de loi. Mais cette mesure est-elle économiquement viable ? Décryptage sur un sujet qui divise...

62 ans, l’âge de départ à la retraite auquel beaucoup aspirent. Mais est-ce encore réaliste dans le contexte économique et démographique actuel ? C’est ce que propose le Rassemblement national dans une proposition de loi déposée ce jeudi, visant à abroger la réforme des retraites portée par Emmanuel Macron. Un sujet sensible qui fait débat et soulève de nombreuses questions sur la viabilité de notre système de retraite.

Un trou de 6 milliards d’euros prévu dès 2024

Selon les projections du Comité d’orientation des retraites, le régime accuserait déjà un déficit de 6 milliards d’euros cette année. Et la tendance ne semble pas s’inverser, bien au contraire. Sans mesure complémentaire comme un nouveau report de l’âge légal au-delà des 64 ans actuels, la situation risque de s’aggraver dans les années à venir. Un constat alarmant qui remet en question la faisabilité d’un retour à 62 ans.

Un financement encore flou

Pour tenter de financer sa proposition, le RN mise sur la création d’une taxe sur les achats d’actions. Mais les recettes générées seraient-elles suffisantes pour combler le manque à gagner ? Rien n’est moins sûr. De plus, une telle taxe pourrait avoir des effets néfastes sur l’investissement et la compétitivité des entreprises françaises. Un risque que dénoncent de nombreux économistes.

L’épineuse question de l’équilibre intergénérationnel

Au-delà de l’aspect purement financier, c’est tout l’équilibre du système par répartition qui est en jeu. Avec une espérance de vie qui s’allonge et des générations de baby-boomers nombreuses à partir en retraite, le ratio actifs/retraités se dégrade. Faut-il alors faire peser l’effort uniquement sur les actifs en augmentant les cotisations ? Ou accepter un âge de départ plus tardif ? Un dilemme cornélien.

Il faut sortir des postures idéologiques et avoir un vrai débat de fond, basé sur des données objectives et des projections fiables. L’avenir de notre système de retraite en dépend.

Une source gouvernementale

Une réforme globale plutôt que des ajustements paramétriques ?

Certains experts prônent une refonte complète du système, avec une harmonisation des régimes et un passage à un calcul par points ou en comptes notionnels. L’objectif serait de rendre le système plus lisible, équitable et adaptable aux évolutions de la société. Mais une telle réforme semble difficile à mettre en œuvre tant les oppositions sont fortes.

En attendant, le gouvernement écarte tout retour en arrière sur la réforme adoptée en 2023 et se dit ouvert à des négociations sur d’autres leviers, comme la prise en compte de la pénibilité ou des carrières longues. Des pistes qui permettraient d’atténuer les effets de la réforme pour les publics les plus concernés, sans remettre en cause son principe.

Un sujet loin d’être tranché

Une chose est sûre, le débat sur l’âge de départ à la retraite est loin d’être clos. Il cristallise les tensions et les inquiétudes d’une société en quête de repères face aux mutations du travail et aux défis démographiques. Un sujet éminemment politique et sociétal qui continuera de faire couler beaucoup d’encre dans les mois et années à venir.

En proposant un retour à 62 ans, le RN ouvre à nouveau la boîte de Pandore des retraites. Mais sans majorité à l’Assemblée, son initiative a peu de chances d’aboutir. Elle a néanmoins le mérite de relancer le débat et de mettre la pression sur le gouvernement. Réussira-t-il à convaincre les Français de la nécessité de sa réforme ? Réponse dans les urnes en 2027, ou avant si le climat social venait à se tendre davantage sur ce sujet explosif.

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