Dans un contexte de finances publiques serrées, la ministre des Finances britannique Rachel Reeves a présenté mercredi le premier budget du nouveau gouvernement travailliste. Cet exercice budgétaire, très attendu, comporte des hausses d’impôts à hauteur de 40 milliards de livres ainsi que des investissements ciblés dans des secteurs clés. Analyse des principales mesures de ce budget.
Une fiscalité alourdie pour les entreprises
Malgré sa promesse de campagne de ne pas augmenter les impôts pour les travailleurs, le gouvernement de Keir Starmer a choisi de cibler les entreprises. La mesure phare de ce budget est une hausse significative des cotisations patronales, dont le taux passe à 15% et le seuil est abaissé. Cette disposition devrait rapporter à terme 25 milliards de livres par an aux caisses de l’État.
Par ailleurs, la fiscalité sur les plus-values est également revue à la hausse, jusqu’à 24%. S’ajoutent à cela des mesures déjà annoncées comme l’imposition de la TVA sur les écoles privées ou l’augmentation d’une taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises énergétiques. Selon les prévisions de l’OBR, organisme public de prévision budgétaire, la part des impôts dans le PIB britannique atteindra son plus haut niveau jamais enregistré, soit 38% à horizon 2028.
Des investissements ciblés malgré les contraintes
Face aux accusations d’un retour à l’austérité, le gouvernement travailliste a tenu à mettre l’accent sur les investissements, en particulier dans les services publics. Le service national de santé (NHS), qui souffre d’un sous-financement chronique depuis des années, bénéficiera ainsi de ressources supplémentaires à hauteur de 22,6 milliards de livres d’ici 2026.
L’éducation n’est pas en reste avec des crédits supplémentaires de 4 milliards de livres, dont 2,3 milliards dédiés au budget de base des écoles. Quant à la défense, son budget progresse de 2,9 milliards de livres l’an prochain, permettant au Royaume-Uni de dépasser ses engagements envers l’Otan et de garantir un soutien militaire à l’Ukraine de 3 milliards de livres par an.
Une discipline budgétaire affichée
Malgré ces investissements, Rachel Reeves a promis une discipline budgétaire “de fer” avec pour objectif un équilibre des recettes et des dépenses de fonctionnement. Dans cette optique, plusieurs mesures d’économies ont été annoncées en amont du budget, comme la suppression controversée d’un chèque énergie destiné à des millions de retraités. Le gouvernement prolonge aussi un “examen ciblé” des dossiers de demandes de certaines allocations.
De nouvelles règles pour doper l’investissement
Outre les arbitrages budgétaires, le gouvernement travailliste a dévoilé un changement des règles budgétaires visant à accroître sa capacité à emprunter pour investir dans l’économie britannique. Concrètement, une nouvelle méthode de calcul de la dette doit s’appliquer en prenant en compte les rendements futurs des investissements. Cela devrait permettre de dégager 100 milliards de livres sur 5 ans, une manne qui sera exclusivement consacrée à l’investissement, notamment dans la santé et l’éducation.
Au final, ce premier budget travailliste se veut un exercice d’équilibriste entre redressement des finances publiques et soutien à l’économie et aux services publics. Si les entreprises sont mises à contribution, le gouvernement espère que les investissements ciblés et les nouvelles règles budgétaires permettront de stimuler la croissance à long terme. Reste à voir si cette stratégie portera ses fruits et convaincra les Britanniques.