La Macronie se prépare à un changement majeur à la tête de son parti, Renaissance. Mais le favori Gabriel Attal, seul en lice, cristallise déjà les tensions avec sa volonté de cumuler présidence du mouvement et du groupe parlementaire.
Gabriel Attal, l’homme de la situation ?
Âgé de seulement 34 ans, Gabriel Attal s’est rapidement imposé comme un pilier du quinquennat Macron. Ancien porte-parole du gouvernement puis ministre des Comptes publics, il a su se faire un nom au sein de la galaxie présidentielle. Son ascension fulgurante pourrait le mener tout droit à la tête de Renaissance, le parti fondé par Emmanuel Macron en 2016.
Mardi soir, Attal a officialisé sa candidature à la présidence de la formation politique, quelques minutes à peine après l’annonce du retrait de sa principale concurrente, Elisabeth Borne. Un timing qui en dit long sur les tractations de coulisses ayant précédé ce “ticket commun”.
Gabriel Attal et Élisabeth Borne ont fait le choix d’une candidature d’union et de rassemblement. Ni la situation de notre pays, ni celle de notre parti ne supporteraient la division.
Communiqué commun des deux camps
Un cumul des mandats qui passe mal
Mais cette entente au sommet cache mal le malaise suscité par les ambitions d’Attal. Car le jeune loup de la Macronie entend bien conserver son poste de président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale en parallèle de ses futures fonctions partisanes. Une double casquette qui en fait tiquer plus d’un en interne.
Ça me paraît compliqué de faire les deux à 100%.
Un ministre proche d’Emmanuel Macron
Même son de cloche du côté de Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée. Dimanche sur France 3, elle affirmait sans détour son opposition au “cumul de fonctions entre un chef de groupe et un chef de parti”. Une mise en garde à peine voilée à l’attention de Gabriel Attal.
L’union à tout prix ?
Mais dans l’entourage du député des Hauts-de-Seine, on refuse de céder. Au contraire, on y voit même un atout pour renforcer les liens entre Renaissance et son groupe parlementaire, parfois distendus ces derniers mois.
On n’est plus le groupe et le parti majoritaire, on est un élément d’une coalition, c’est bien d’avoir une coordination entre les deux, ce qui a parfois manqué ces dernières années.
Un proche de Gabriel Attal
Un argument qui peine à convaincre tous les Marcheurs, traumatisés par les dissensions internes ayant plombé le premier quinquennat Macron. Beaucoup craignent qu’en concentrant trop de pouvoirs, Gabriel Attal ne suscite de nouvelles frustrations et ne ravive les plaies d’une famille politique fragile.
Un Congrès sous haute tension
C’est dans ce contexte électrique que Renaissance s’apprête à tenir son Congrès les 23 et 24 novembre prochains. L’élection formelle du successeur de Stéphane Séjourné, parti prendre les rênes du groupe centriste Renew au Parlement européen, aura lieu le 7 décembre.
Sauf énorme surprise, Gabriel Attal devrait être le seul candidat en lice et donc être adoubé par les militants. Mais sa double casquette promet d’animer les débats et de tester la solidité de la paix des braves scellée avec Elisabeth Borne.
Car l’ancienne Première ministre, bien que retirée de la course, n’a pas dit son dernier mot. Selon les termes de l’accord, elle deviendrait présidente du Conseil national de Renaissance, sorte de “Parlement” du parti. De quoi lui offrir une tribune de choix pour peser sur les orientations et, au besoin, recadrer un Gabriel Attal jugé trop gourmand ou omnipotent.
Alors, véritable ticket gagnant ou mariage de raison voué à l’échec ? L’avenir de la Macronie post-2027 pourrait bien se jouer dans ce bras de fer feutré entre deux de ses figures les plus prometteuses. Avec, en toile de fond, un Emmanuel Macron qui entend garder la main sur son camp, jusqu’au bout.