Après plus de deux ans d’une sécheresse extrême, les Pyrénées-Orientales, département le plus sec de France, savourent enfin le retour de la pluie. Ces dernières heures, jusqu’à 150 millimètres d’eau sont tombés par endroits, un événement météorologique tant attendu par les habitants et les agriculteurs de la région. Mais si le soulagement est palpable, tous restent lucides sur la situation hydrologique encore préoccupante.
Le lit de l’Agly à nouveau rempli
Après des mois d’assèchement total, l’eau coule à nouveau dans le fleuve de l’Agly, pour le plus grand bonheur des riverains. Une passante s’enthousiasme : “Ça fait du bien, ça fait plaisir de voir enfin toute cette eau arriver”. Un sentiment partagé par tous ceux qui ont vu le lit de la rivière se transformer en désert ces dernières années.
Les agriculteurs soulagés
Bernard Fillols, maraîcher, peut enfin souffler un peu. Grâce aux précipitations récentes, il n’a plus besoin pour l’instant d’irriguer ses 25 hectares de légumes. “La pluie bénéfique, l’eau de pluie, c’est la meilleure eau pour les plantes”, se réjouit-il en constatant que ses cultures ont déjà repris des couleurs. Fini la pellicule de calcaire laissée par l’eau d’irrigation, place au vert éclatant !
“Ça fait plus de deux ans qu’on n’a pas eu de pluie comme ça. Ça fait du bien de voir que quand même, on n’est pas les oubliés.”
Bernard Fillols, maraîcher dans les Pyrénées-Orientales
Des nappes phréatiques encore loin d’être rechargées
Mais si ces pluies sont une bénédiction pour les cultures, elles ne suffiront pas à reconstituer les réserves souterraines. D’après Nicolas Garcia, maire PCF d’Elne et président du syndicat des nappes, “ce n’est pas suffisant pour recharger les nappes un peu plus profondes qu’on utilise toute l’année”. Il appelle à poursuivre les efforts : économies d’eau, restrictions, chaque goutte compte pour préserver cette ressource si précieuse.
Des gestes éco-responsables à conserver
Dans son camping d’Argelès-sur-Mer, Pierre Guillaume a pris l’habitude de récupérer l’eau de la piscine plutôt que de la jeter, économisant ainsi chaque jour 15 mètres cubes. Une pratique qu’il compte bien conserver, pluies ou non. “On va garder les bons gestes qui étaient des gestes de bon sens pour économiser l’eau”, assure-t-il.
Un déficit pluviométrique encore immense
Car malgré cet épisode pluvieux, la situation reste plus que préoccupante. En 2023, les Pyrénées-Orientales ont enregistré une chute vertigineuse de 60 % de la pluviométrie par rapport à 2020. Un déficit abyssal qui ne sera pas comblé en quelques jours.
Le chemin est encore long avant un retour à la normale, mais ces pluies redonnent espoir à tout un département qui se sentait abandonné face à une sécheresse historique. Chaque goutte est célébrée comme une petite victoire dans ce combat pour l’or bleu. Les regards se tournent désormais vers le ciel, avec l’espoir que les nuages continuent de déverser leur précieux nectar sur cette terre assoiffée. L’avenir de la région en dépend.
