Imaginez un instant plus de 21 tonnes de cocaïne rassemblées au même endroit. C’est l’équivalent de 42 000 pains de 500 grammes ou encore le poids de 4 éléphants d’Afrique adultes. Une quantité proprement vertigineuse, qui vient pourtant d’être saisie puis détruite en Bolivie lors d’une opération anti-drogue historique.
Un coup de filet spectaculaire aux proportions inégalées
C’est une annonce qui a fait l’effet d’une bombe dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Le 15 octobre dernier, les autorités boliviennes mettaient la main sur ce qu’elles pensaient initialement être une cargaison de soja mélangé à de la cocaïne, dans le département d’Oruro à l’ouest du pays. Mais des tests plus poussés ont finalement révélé qu’il s’agissait en réalité de plus de 21 tonnes de cocaïne pure, sans aucun produit de coupe.
Un résultat au-delà de toute espérance pour les forces de l’ordre, qui parlent de la “plus grande saisie de l’histoire de la Bolivie et l’une des plus importantes de ces dernières années dans la région” comme l’a déclaré le ministre de l’Intérieur Eduardo Del Castillo. Pour donner un ordre d’idée, cette prise record représente près de 2,5 fois le total des saisies effectuées dans le pays sur toute l’année précédente, estimé à environ 8,7 tonnes.
La filière de la cocaïne sévèrement touchée
Au-delà des chiffres, c’est tout un pan du trafic de drogue sud-américain qui se trouve affaibli par cette opération coup de poing. La marchandise était vraisemblablement destinée à l’Allemagne selon le vice-ministre Jaime Mamani, ce qui laisse supposer l’existence de réseaux criminels internationaux particulièrement développés.
C’est un véritable camouflet porté aux cartels qui utilisent le territoire bolivien comme zone de transit pour la cocaïne produite dans les pays voisins à destination des marchés européens et nord-américains.
Une source proche de l’enquête
Plusieurs personnes liées à l’entreprise chargée d’exporter la cargaison de soja ont d’ailleurs été interpellées dans la foulée. De quoi permettre, espèrent les enquêteurs, de remonter les mailles du filet et de porter un coup sévère à cette économie souterraine florissante.
La Bolivie, maillon stratégique du trafic régional
Coincée entre les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne que sont la Colombie et le Pérou, la Bolivie joue depuis longtemps un rôle central dans l’acheminement de la poudre blanche, servant de hub logistique pour réexpédier la marchandise. Le pays se classe d’ailleurs au 3ème rang mondial en termes de culture de coca selon les Nations Unies.
Malgré les efforts du gouvernement pour endiguer le phénomène, notamment à travers des programmes d’éradication des plantations illégales, le trafic reste une réalité prégnante. En 2023, près de 33 tonnes de cocaïne ont ainsi été saisies sur le territoire bolivien, un chiffre en constante augmentation.
L’interminable guerre à la drogue
Avec la destruction de cette cargaison record, les autorités boliviennes marquent indéniablement des points dans leur lutte acharnée contre le fléau de la drogue. Mais au-delà du symbole et des effets d’annonce, l’impact réel sur les flux du narcotrafic reste difficile à évaluer.
C’est une victoire importante mais il ne faut pas crier victoire trop vite. Les saisies, même spectaculaires, ne sont que la face émergée d’un trafic tentaculaire qui s’adapte et se réorganise en permanence.
Un expert de la lutte anti-drogue
De fait, pour chaque cargaison interceptée, combien parviennent à passer entre les mailles du filet ? Le chemin est encore long avant de pouvoir envisager d’assécher durablement les routes de la cocaïne. Une lutte de longue haleine qui nécessite une coopération internationale renforcée et des moyens colossaux.
En attendant, la destruction de ces 21,6 tonnes restera comme un évènement marquant, un coup d’éclat spectaculaire dans une guerre sans fin dont l’issue reste incertaine. Un combat titanesque et sans cesse renouvelé, à l’image de ces immenses brasiers qui réduisent en cendres des montagnes de poudre blanche, symboles d’une tragédie mondiale qui consume tant de vies sur son passage.