C’est une affaire hors du commun qui se déroule actuellement devant la cour d’assises de Vaucluse, à Avignon. Dominique Pelicot, un retraité de 69 ans, est accusé d’avoir organisé le viol de son épouse par des dizaines d’hommes, après l’avoir droguée à son insu. Mais au-delà de l’horreur des faits, une question dérangeante est soulevée lors du procès : l’accusé aurait-il délibérément choisi des violeurs issus de minorités, dans le but d’humilier encore davantage sa femme ?
Une sordide affaire de viols conjugaux
Tout commence en mars 2022, lorsque Dominique Pelicot est mis en examen pour le viol de son épouse, Gisèle, alors âgée de 68 ans. Selon l’enquête, il aurait commencé à la droguer car elle refusait l’échangisme. Pendant des mois, à l’insu de la victime, il aurait ainsi organisé des viols collectifs impliquant au total 47 autres hommes, également poursuivis. Les sévices étaient filmés par Pelicot.
Mais lors de ses aveux face aux experts, une phrase de l’accusé principal interpelle : « Ma femme était raciste, moi non, j’ai fait venir un black, un arabe… La voir avec son contraire, ça m’excitait encore plus…». Une déclaration troublante qui soulève une question dérangeante.
La question d’une sélection raciale des violeurs
Lors du procès qui s’est ouvert en septembre 2024, la thèse d’une sélection des agresseurs sur des critères raciaux est évoquée à plusieurs reprises. D’après des sources proches de l’enquête, certains éléments indiqueraient en effet que Dominique Pelicot aurait spécifiquement recherché et choisi des hommes de couleur.
Une hypothèse qui, si elle était avérée, ajouterait un degré supplémentaire dans l’ignominie des faits reprochés. Au-delà des viols, livrer sciemment son épouse, que l’on sait ou suppose raciste, à des individus issus de minorités, constituerait une perversion et une humiliation raciste de plus. Une manière pour l’accusé de « souiller » davantage sa femme et d’assouvir un sentiment d’infériorité ?
L’épouse interrogée sur son supposé racisme
Confrontée à cette question sensible à la barre, Gisèle Pelicot a vivement réagi. Le 5 septembre, des avocats de la défense lui avaient demandé si elle n’était pas « raciste » au vu de certains éléments du dossier. Une question choquante pour la victime. « En tant que femme, l’humiliation est totale », avait-elle répondu.
Son avocate dénonce une tentative de la défense de déplacer le procès sur le terrain du racisme, alors que Gisèle Pelicot est avant tout une victime qui a subi un calvaire inimaginable. Pour elle, ses opinions, quelles qu’elles soient, ne changent rien à la gravité des crimes dont elle a été la cible.
Des critères sociaux également évoqués
Au-delà d’éventuels critères raciaux, des éléments laissent à penser que Dominique Pelicot aurait aussi sélectionné certains violeurs selon leur profil social. Plusieurs agresseurs présumés sont ainsi des individus marginalisés, en situation de précarité.
Pour des observateurs, cette sélection d’hommes vulnérables pourrait relever d’un sadisme social de la part de l’accusé. En les choisissant, il les aurait instrumentalisés pour assouvir sa perversion, profitant de leur fragilité. Une défense a même évoqué une forme de « proxénétisme » imposé à des hommes en difficulté.
La personnalité complexe de Dominique Pelicot
Troubles de la personnalité, sentiment d’infériorité, perversité… Au fil des audiences, la personnalité de Dominique Pelicot se dessine en creux. Un homme qui, selon des sources proches du dossier, serait tiraillé entre une fascination malsaine pour le milieu du libertinage et une volonté perverse de choquer.
En livrant sa femme à des hommes noirs ou arabes, l’accusé assouvissait-il un fantasme raciste ? Cherchait-il à compenser un complexe d’infériorité vis-à-vis de son épouse en l’humiliant de la pire des manières ? L’expertise psychiatrique attendue devra tenter de percer à jour ses motivations troubles.
Une affaire hors normes et des zones d’ombre
Avec une cinquantaine d’accusés et des centaines de viols filmés sur une longue période, le procès Pelicot s’annonce d’ores et déjà comme une affaire hors normes. Un procès fleuve de 4 mois, délocalisé au Palais des Expositions d’Avignon pour pouvoir accueillir l’ensemble des parties.
Mais au-delà de son ampleur, ce dossier comporte encore de nombreuses zones d’ombre. Les motivations exactes de Dominique Pelicot restent à éclaircir, tout comme les raisons ayant poussé des dizaines d’hommes à participer aux viols. La question d’une sélection raciale et sociale des agresseurs présumés jette aussi une lumière crue sur les dérives d’une société.
Dans ce procès hors normes, c’est bien sûr le sort de l’accusé principal et de ses complices présumés qui est en jeu. Mais au-delà, ce sont aussi les méandres de la perversité humaine et de pulsions inavouables qui risquent d’être mises en lumière. Un procès dont le verdict, attendu en janvier 2025, pourrait faire date.