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Négociations tendues entre Sanofi et le gouvernement

Le géant pharmaceutique Sanofi admet des négociations "constructives mais difficiles" avec le gouvernement français sur la cession du Doliprane à un fonds américain. Malgré les compromis, l'État a obtenu des garanties. Mais à quel prix pour la souveraineté sanitaire française ?

La vente annoncée du Doliprane, l’antidouleur star des Français, au fonds d’investissement américain CD&R fait des remous. D’après une source proche du dossier, Sanofi, propriétaire actuel du médicament, révèle que les tractations avec le gouvernement pour encadrer cette cession ont été “constructives mais difficiles”. Le bras de fer entre l’industriel et l’exécutif reflète les enjeux majeurs de cette opération pour la santé des Français et l’indépendance stratégique du pays.

L’État déterminé à préserver la production française du Doliprane

Pour Paul Hudson, directeur général de Sanofi, les ministres de l’Économie et de l’Industrie “se sont montrés très fermes sur ce qu’ils attendaient” lors des discussions. L’objectif de l’État était clair : garantir le maintien de la production et de l’approvisionnement du Doliprane en France, ainsi que la pérennité des emplois sur les sites nationaux. Un accord a finalement été trouvé, prévoyant notamment l’engagement de conserver pendant au moins 5 ans les deux usines françaises d’Opella, la filiale de Sanofi qui produit le fameux antalgique.

Compromis et gouvernance, les clés d’un deal sous haute surveillance

Si le gouvernement semble avoir obtenu gain de cause sur ses exigences principales, Sanofi souligne que des “compromis” ont dû être faits de part et d’autre. Un point d’équilibre délicat à trouver, comme l’explique Paul Hudson :

Il était important pour le gouvernement de disposer du bon niveau de gouvernance, soit juste assez pour pouvoir s’assurer que nous tenions nos promesses, mais pas trop pour ne pas donner l’impression que la France est réticente à accueillir des investissements étrangers.

La présence de la banque publique Bpifrance au capital d’Opella, même de façon minoritaire, apparaît ainsi comme une concession nécessaire pour rassurer l’État sur le respect des engagements pris.

Le Doliprane, symbole de la souveraineté sanitaire française en question

Au-delà du cas du Doliprane, cette affaire met en lumière les inquiétudes croissantes sur le contrôle de médicaments essentiels par des intérêts étrangers. Dans un contexte de pénuries récurrentes, la dépendance de la France pour certains produits de santé stratégiques est pointée du doigt. La polémique sur la vente de ce “trésor national” est révélatrice du défi de concilier attractivité du territoire pour les investisseurs internationaux et protection des intérêts vitaux du pays.

Les garanties obtenues par le gouvernement sur le Doliprane sont un premier pas. Mais beaucoup s’interrogent sur la nécessité d’aller plus loin pour assurer la souveraineté sanitaire française à long terme, alors que de nombreux autres médicaments d’importance majeure sont produits par des laboratoires étrangers. Un vaste chantier qui devra être une priorité absolue pour les autorités dans les années à venir, au risque de voir se multiplier ce type de bras de fer industriels et leurs conséquences potentiellement lourdes pour les Français.

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