Ce samedi, l’Unesco accueillait une invitée de marque. À 90 ans, l’infatigable Jane Goodall continue de parcourir le monde pour porter un message crucial : il est plus que temps d’agir pour sauver la biodiversité. Connue dans le monde entier pour ses travaux révolutionnaires sur les chimpanzés, la primatologue britannique a profité de son passage à Paris pour rappeler l’urgence de la situation, à la veille de la COP15 sur la biodiversité qui s’ouvre lundi en Colombie.
Un plaidoyer passionné pour la planète
Devant une salle comble et captivée, Jane Goodall a livré un vibrant plaidoyer. D’une voix ferme malgré le poids des années, elle a martelé son message : « J’espère que non seulement des décisions seront prises pour protéger la biodiversité, mais qu’elles seront suivies d’actions car le temps des paroles et des fausses promesses est dépassé si nous voulons sauver la planète ».
Une évaluation récente nous donne un délai de cinq ans au cours desquels nous pouvons encore agir. Nous devons en tenir compte.
Jane Goodall
Ambassadrice de bonne volonté pour l’ONU depuis 2002, la primatologue n’a eu de cesse durant sa carrière d’alerter sur la disparition alarmante des espèces et des écosystèmes. Loin de baisser les bras malgré son grand âge, elle continue de sillonner la planète pour sensibiliser le plus grand nombre à l’importance de préserver ce qui peut encore l’être.
Le cri du cœur d’une ambassadrice des chimpanzés
Lors de cette conférence exceptionnelle, Jane Goodall en a profité pour communiquer, à sa manière, un message au nom de ses protégés de toujours : les chimpanzés. Dans un cri imitant le leur, elle a signifié : « c’est moi, c’est Jane », a-t-elle expliqué ensuite en souriant.
Un cri symbolique qu’elle pousse inlassablement depuis plus de 60 ans de recherches et d’engagement sur le terrain. En 1960, âgée de seulement 26 ans, Jane Goodall part étudier les chimpanzés en Tanzanie. Ses observations vont révolutionner la primatologie et notre perception du monde animal. Elle découvre notamment que les chimpanzés fabriquent et utilisent des outils, une faculté jusque-là considérée comme l’apanage de l’être humain.
Depuis, Jane Goodall n’a eu de cesse de se battre pour que la voix de ces grands singes soit entendue. Son Institut éponyme, fondé en 1977, œuvre à la fois pour la protection des chimpanzés et de leur habitat, mais aussi pour l’éducation et le développement des communautés locales.
Un message universel : chacun peut agir à son échelle
Au-delà de son combat pour les chimpanzés, Jane Goodall porte un message résolument optimiste et mobilisateur : chacun, à son niveau, peut agir pour la planète. « Chaque individu est important. Chacun a un rôle à jouer. Chacun d’entre nous a un impact sur la planète chaque jour. Et nous pouvons choisir le type d’impact que nous avons », a-t-elle martelé lors de sa conférence à l’Unesco.
Ce n’est pas seulement l’affaire des gouvernements et des grandes entreprises. C’est à chacun d’entre nous de changer sa vie.
Jane Goodall
Son mouvement « Roots & Shoots », lancé en 1991 avec des lycéens tanzaniens, illustre parfaitement cette philosophie. Aujourd’hui présent dans près de 60 pays, ce programme encourage les jeunes du monde entier à mettre en place des projets concrets pour améliorer leur environnement et leurs communautés.
Un vibrant appel à l’action, de Paris à la COP15
À la veille de la COP15 sur la biodiversité, cet appel de Jane Goodall à la mobilisation générale prend une résonance particulière. Du 17 au 30 avril, les représentants de près de 200 pays se réunissent à Cali, en Colombie, avec un objectif ambitieux : adopter un nouveau cadre mondial pour enrayer la perte de biodiversité d’ici à 2030 et remettre la nature sur la voie du rétablissement.
Un défi colossal, alors que plus d’un million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction, principalement à cause des activités humaines. La déforestation, l’agriculture intensive, la surpêche, le braconnage ou encore le changement climatique mettent en péril les écosystèmes les plus fragiles de la planète.
Face à ce sombre constat, Jane Goodall veut croire que tout n’est pas perdu. Avec sa foi inébranlable en la capacité de l’humanité à se ressaisir, elle continue d’espérer que les décideurs prendront enfin la mesure de l’urgence. « Ne perdons pas espoir », a-t-elle conclu samedi à Paris, comme un ultime message à destination de la COP15 et du monde entier. Un message que cette infatigable militante de la cause animale compte bien continuer de porter, inlassablement, jusqu’à son dernier souffle.