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Marseille : La police alerte les ados sur les dangers du narcotrafic

À Marseille, la police mène des actions de prévention auprès des collégiens des quartiers nord pour les alerter sur les dangers du narcotrafic. Face au recrutement précoce par les réseaux, ces ateliers visent à dissuader les ados de basculer dans la délinquance. Une initiative cruciale pour enrayer l'engrenage du trafic de drogue chez les plus jeunes, mais qui soulève aussi des questions sur les alternatives à offrir à cette jeunesse en quête de repères...

Dans les quartiers nord de Marseille, gangrénés par le trafic de drogue, la police mène un combat d’un genre nouveau. Loin des opérations coup de poing, des équipes se rendent directement dans les collèges pour sensibiliser les adolescents aux dangers du narcotrafic. L’objectif : contrer le recrutement précoce de cette jeunesse vulnérable par les réseaux.

Ateliers de prévention pour une jeunesse à la croisée des chemins

C’est un constat alarmant qui a poussé les autorités à agir. De plus en plus de mineurs sont embrigadés par les trafiquants de drogue, séduits par l’argent facile et un sentiment de puissance. Face à ce fléau, la police judiciaire de Marseille a décidé de prendre le problème à la racine en intervenant directement auprès des collégiens.

On ne peut plus se contenter de réprimer, il faut aussi prévenir. Expliquer aux jeunes les risques qu’ils prennent en mettant un pied dans le trafic.

– Un responsable de la PJ, sous couvert d’anonymat.

Depuis deux ans, des binômes de policiers se rendent régulièrement dans les établissements scolaires des quartiers sensibles. Au programme : des ateliers de sensibilisation, des échanges sans tabou avec les élèves sur la réalité du narcotrafic et ses conséquences. L’enjeu est de taille car pour beaucoup, avoir un grand frère ou un cousin “dans le bizness” est un modèle de réussite.

Déconstruire le mythe du “gangster”

Lors de ces sessions, les policiers s’attachent à déconstruire l’image glamour du dealer, en exposant la violence, les risques de prison ou de mort violente inhérents au trafic. Ils alertent aussi sur les techniques de recrutement des réseaux, qui ciblent des adolescents de plus en plus jeunes.

Selon nos informations, certains minots de 11-12 ans sont ainsi repérés pour leur agilité et enrôlés comme guetteurs ou petites mains du trafic. Les réseaux usent d’un savant mélange de flatterie, de pression du groupe et de promesses matérielles pour les attirer dans leurs filets.

Ils leur font miroiter des liasses de billets, des vêtements de marque, l’appartenance à une “famille”. À cet âge-là, ils ne voient pas le danger.

– Un intervenant social en contact avec des jeunes des cités

Une initiative à développer, mais des défis à relever

Si ces opérations de prévention ne font pas de miracle, elles contribuent à libérer la parole et ouvrir le débat avec une jeunesse souvent méfiante envers les institutions. Les retours des enseignants sont positifs et la police espère pérenniser le dispositif, en l’étendant à d’autres quartiers.

Néanmoins, beaucoup pointent la nécessité d’un travail de fond plus global pour endiguer le phénomène. Car le trafic prospère aussi sur un terreau de pauvreté, de chômage et d’absence de perspectives.

Tant qu’on n’offrira pas d’alternatives crédibles à ces gamins, le discours ne suffira pas. Il faut redonner espoir et fierté à ces quartiers.

– Un éducateur spécialisé œuvrant dans les quartiers nord

Un constat que partagent nombre d’acteurs de terrain. Pour eux, la lutte contre le narcotrafic passe aussi par des politiques ambitieuses de rénovation urbaine, d’éducation et d’emploi dans ces territoires longtemps délaissés. Un combat au long cours.

Une responsabilité collective pour enrayer l’engrenage

Au-delà de l’action policière, c’est toute la société qui est interpellée par cette problématique. Associations, enseignants, travailleurs sociaux, élus locaux… Chacun a un rôle à jouer pour construire un avenir différent pour cette jeunesse des quartiers populaires. Des initiatives positives existent, comme en témoigne le développement des activités périscolaires, des structures d’insertion ou des projets associatifs dans ces zones urbaines sensibles.

Il reste un long chemin à parcourir pour changer la donne et redonner confiance en la République à ces milliers de jeunes tentés par l’économie souterraine du trafic. Mais en allant à leur contact, en déconstruisant les stéréotypes, en leur montrant qu’un autre chemin est possible, ces ateliers de sensibilisation constituent un premier pas essentiel. Une main tendue pour les aider à ne pas tomber dans le piège de la délinquance et à se projeter dans un avenir loin des réseaux. La responsabilité de tous est engagée pour relever ce défi majeur et offrir un nouvel horizon à la jeunesse des quartiers nord de Marseille.

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