Dans un contexte où les petites exploitations agricoles font face à des revenus de plus en plus précaires, mis à mal par les conditions météorologiques capricieuses, une pratique innovante émerge comme une bouée de sauvetage : l’agrivoltaïsme. Cette association astucieuse entre agriculture et production d’énergie solaire offre aux exploitants une source de revenus complémentaires bienvenue, tout en participant à la transition écologique.
L’agrivoltaïsme, une synergie gagnant-gagnant
L’agrivoltaïsme consiste à installer des panneaux photovoltaïques au-dessus des cultures, permettant ainsi de produire de l’électricité verte tout en maintenant l’activité agricole. Loin d’être incompatibles, ces deux pratiques se révèlent complémentaires et mutuellement bénéfiques.
Pour les exploitants, les avantages sont multiples. Tout d’abord, la location de leurs terres pour l’installation des panneaux solaires leur assure un revenu fixe et garanti sur le long terme, généralement sur une période de 20 à 30 ans. Cette sécurité financière est précieuse dans un secteur soumis aux aléas climatiques et aux fluctuations des cours des matières premières agricoles.
Un gain de productivité pour les cultures
Mais au-delà de l’aspect purement financier, l’agrivoltaïsme peut aussi avoir un impact positif sur les rendements agricoles. En effet, les panneaux solaires, lorsqu’ils sont correctement espacés et orientés, fournissent un ombrage partiel aux cultures, ce qui peut s’avérer bénéfique dans certaines conditions.
Comme l’explique David Laborde, propriétaire exploitant dans les Landes qui accueille un démonstrateur agrivoltaïque sur ses terres :
Pour le moment, il n’y a rien de négatif. L’apport financier est réel. Pour les petites exploitations comme les nôtres c’est un véritable plus.
Une expérimentation scientifique à grande échelle
Le projet Dem&Ter mené par le groupe Valorem en partenariat avec l’INRAE vise justement à mesurer de façon scientifique les interactions entre panneaux solaires et cultures. Sur les 2 hectares du démonstrateur, la luzerne, les framboisiers et les asperges prospèrent sous les installations photovoltaïques.
Le choix des cultures n’est pas anodin. La luzerne, peu gourmande en eau et en intrants, est une plante fourragère qui fixe l’azote dans le sol. Les framboisiers et les asperges, eux, font partie des cultures en cours de relocalisation dans la région. L’objectif est d’évaluer les synergies potentielles et d’optimiser le système agrivoltaïque.
Un levier pour la transition écologique des territoires ruraux
Au-delà de son intérêt pour les exploitants, l’agrivoltaïsme s’inscrit dans une dynamique plus large d’aménagement durable des territoires ruraux. En produisant une électricité renouvelable et décarbonée, ces installations participent activement à la transition énergétique.
Les projets agrivoltaïques, lorsqu’ils sont co-construits avec l’ensemble des acteurs locaux, peuvent être de formidables leviers de développement pour les communes rurales. C’est le cas à Losse dans les Landes, où la ferme solaire de 300 hectares constitue un apport financier significatif pour les finances locales.
Un modèle encore émergent mais prometteur
Si l’agrivoltaïsme suscite un intérêt croissant, il reste encore un modèle émergent qui doit faire ses preuves à grande échelle. Les démonstrateurs comme celui de Losse sont essentiels pour valider la viabilité technique et économique du concept.
Les pouvoirs publics ont un rôle clé à jouer pour accompagner le déploiement de ces solutions innovantes. Des appels d’offres spécifiques, un cadre réglementaire adapté et des mécanismes de soutien financier sont nécessaires pour encourager les porteurs de projets.
Car l’agrivoltaïsme représente une opportunité unique de réconcilier agriculture et énergie, deux secteurs trop souvent perçus comme antagonistes. En mutualisant l’usage des terres, il est possible de créer de la valeur ajoutée pour les exploitants, les territoires et l’environnement.
Alors que l’agriculture française traverse une crise profonde, l’agrivoltaïsme ouvre de nouvelles perspectives pour les petites exploitations. Une solution concrète et prometteuse pour maintenir une agriculture vivante et durable dans nos campagnes. L’avenir du monde agricole passera sans doute par ce mariage intelligent entre tradition et innovation.
