Au cœur du Théâtre des Abbesses, un ange passe, porté par les fils délicats d’une marionnette. Le Spleen de l’ange, dernière création de Johanny Bert, nous entraîne dans un voyage poétique inspiré par le film Les Ailes du désir de Wim Wenders. Une expérience théâtrale onirique et touchante, à découvrir jusqu’au 21 mai.
Un Ange Marionnettiste
Sur scène, Johanny Bert incarne un ange marionnettiste. Vêtu de blanc, il manipule avec grâce et précision sa créature éthérée, qui vole au-dessus d’une ville en papier. Les gestes sont fluides, le regard intense. L’ange observe les humains, ressent leur mélancolie, leur “spleen” comme le nommait Baudelaire.
La marionnette peut exprimer ce qu’un acteur ne peut prendre en charge et a des capacités métaphoriques et oniriques incroyables.
Johanny Bert
Et en effet, la marionnette confère à cet ange une dimension presque irréelle, suspendue entre ciel et terre. On est happé par la poésie qui se dégage de chacun de ses mouvements aériens. Une danse gracile qui semble défier les lois de la pesanteur.
Les Ailes du Désir comme Inspiration
Le spectacle puise son inspiration dans le chef d’œuvre de Wim Wenders, Les Ailes du désir. On y retrouve la figure de l’ange, témoin bienveillant et mélancolique de la vie des hommes. Johanny Bert reprend ce thème du regard céleste avec une grande délicatesse.
La voix off de Wim Wenders résonne, expliquant que petit, il s’imaginait entouré de six anges gardiens. Une image qui a hanté le cinéaste et qui trouve un écho poétique dans la performance de Johanny Bert.
Tout au long du spectacle, l’ange marionnette évolue dans un décor épuré, une ville en papier qui semble tout droit sortie d’un songe. Les jeux de lumière ciselés renforcent cette atmosphère onirique, presque irréelle.
Une Expérience Poétique et Musicale
Le metteur en scène fait de ce spectacle une véritable expérience poétique, servie par une mise en scène d’une grande finesse. Chaque geste, chaque envol de l’ange marionnette est comme une strophe qui s’écrit sous nos yeux.
La musique joue également un rôle clé, accompagnant avec subtilité les différents tableaux. Tantôt mélancolique, tantôt lumineuse, elle se fait le prolongement des états d’âme de ce mystérieux ange sans parole.
Un ange passe. Il est amer. Que sentent les anges ? Ni la caresse du soleil, ni le goût du café. Ils veillent en bons gardiens, étrangers à l’élan et à la saveur de la vie.
Extrait du spectacle
L’Universalité des Marionnettes
Johanny Bert est un maître incontesté dans l’art de la marionnette contemporaine. Après des spectacles remarqués comme Hen ou La Ronde, il confirme avec Le Spleen de l’ange toute l’étendue de son talent.
Il parvient, avec une économie de moyens, à nous transporter dans un univers onirique, à la lisière du réel et de l’intangible. Sa marionnette ange cristallise à elle seule toute la poésie et la mélancolie de la condition humaine.
Ce spectacle est aussi la preuve que l’art de la marionnette peut toucher à l’universel. Par la grâce de ces créatures de bois et de chiffon, il est possible d’atteindre une forme de vérité sur notre rapport au monde, aux autres et à nous-mêmes.
Conclusion : Un Spectacle à Ne Pas Manquer
Avec Le Spleen de l’ange, Johanny Bert signe un spectacle d’une grande délicatesse, qui ne peut laisser insensible. Cette ode poétique et visuelle est un témoignage de la vitalité des arts de la marionnette.
Si vous avez la chance de pouvoir assister à l’une des représentations au Théâtre des Abbesses, n’hésitez pas une seconde. C’est une expérience rare et précieuse, un moment hors du temps à savourer comme un doux songe éveillé.
Le théâtre de marionnettes n’a pas fini de nous surprendre et de nous émouvoir. Et Johanny Bert en est incontestablement l’un des plus brillants ambassadeurs. Un artiste à suivre de très près.