C’est un ancien fidèle de Jean-Marie Le Pen qui comparaît depuis lundi devant le tribunal judiciaire de Paris dans l’affaire des assistants parlementaires fictifs du Rassemblement national (RN, ex-FN). Fernand Le Rachinel, 82 ans, eurodéputé de 2004 à 2009, est le premier ex-élu du parti d’extrême droite à être interrogé sur ce système que la justice soupçonne d’être illégal. Droit dans ses bottes, il a clamé son innocence et sa consternation face à des accusations qu’il juge « infamantes ».
Un vieux compagnon de route du FN
Imprimeur de profession, Fernand Le Rachinel a côtoyé Jean-Marie Le Pen pendant près de 30 ans. Élu local en Normandie, il a aussi siégé au Parlement européen pendant 10 ans dans les rangs du FN. Un parti auquel il a non seulement prêté main forte en imprimant tracts et affiches, mais aussi en lui prêtant de l’argent à deux reprises, en 2004 et 2008. Un engagement total qui s’est achevé sur une brouille avec le patriarche de l’extrême droite française.
Un travail d’eurodéputé reconnu
Au tribunal, Fernand Le Rachinel a mis en avant son investissement au sein du Parlement européen, citant de mémoire ses nombreux travaux, notamment au sein de la commission transports et tourisme qu’il a présidée. Un engagement que même Marine Le Pen, jugée à ses côtés, a salué la semaine passée, reconnaissant qu’un eurodéputé RN pouvait s’investir pleinement malgré les difficultés liées à l’appartenance à un parti minoritaire.
Des contrats d’assistants litigieux
Mais c’est bien la question des contrats fictifs de ses deux assistants parlementaires, Thierry Légier et Michèle Bruna, qui vaut à Fernand Le Rachinel d’être jugé par la 11e chambre correctionnelle. Ces deux proches de Jean-Marie Le Pen étaient officiellement employés par l’eurodéputé de 2004 à 2009, alors qu’ils travaillaient en réalité comme garde du corps et secrétaire du chef du FN.
Si j’avais été convaincu de l’illégalité de ce système, je m’y serais opposé.
– Fernand Le Rachinel
Face à ces accusations, l’ancien élu se défend en invoquant l’existence d’un « pool » d’assistants que se partageaient les eurodéputés frontistes. « Tout cela était parfaitement légal », martèle-t-il, assurant que Thierry Légier et Michèle Bruna « ont vraiment travaillé » et que « Légier était vraiment au Parlement » pour assurer la sécurité du groupe.
Un système opaque qui interroge
Mais au fil des questions de la présidente et des magistrats, les explications de Fernand Le Rachinel apparaissent confuses voire contradictoires. Il admet avoir signé les contrats de personnes qui ne travaillaient pas directement pour lui, alors que ceux qui l’assistaient vraiment n’avaient pas de contrat. Un système pour le moins opaque qui fait dire à une assesseure : « Vous signiez des contrats à ceux qui ne travaillaient pas pour vous et pas de contrats à ceux qui travaillaient pour vous. »
Face à ces questions troublantes, l’octogénaire semble à court d’arguments. Lui qui clame sa probité tout au long de l’audience peine à justifier ce montage. « J’étais arrivé en cours de route, les assistants étaient déjà là », lâche-t-il, visiblement décontenancé par ces accusations qu’il vit comme une profonde injustice après une vie d’engagement.
Fernand Le Rachinel est jugé aux côtés de 25 autres prévenus, dont Marine Le Pen et le Rassemblement national en tant que personne morale, pour ce système présumé frauduleux d’emplois fictifs d’assistants au Parlement européen. Un dossier dans lequel le parti d’extrême droite conteste toute infraction, affirmant que les eurodéputés disposaient librement de leur enveloppe d’assistants. Le procès doit se poursuivre jusqu’au 21 octobre.