C’est un jugement qui fera date. Ce vendredi, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu un arrêt d’une portée considérable pour les femmes afghanes cherchant refuge en Europe. Selon la haute juridiction, toute femme afghane peut désormais prétendre au statut de réfugié dans l’Union européenne, et ce sans avoir à prouver qu’elle risque personnellement d’être persécutée en cas de retour dans son pays.
Un signal fort envoyé par la justice européenne
Cette décision survient dans un contexte particulièrement sombre pour les droits des femmes en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des Talibans en août 2021. Privées d’accès à l’éducation et au travail, soumises à des règles vestimentaires draconiennes, les Afghanes vivent aujourd’hui sous la menace permanente de la répression.
En leur ouvrant largement les portes de l’asile, la CJUE envoie un message clair : l’Europe se veut terre d’accueil pour celles qui fuient l’oppression et les persécutions. Un signal fort, salué par les associations de défense des droits humains.
Les défis de l’accueil et de l’intégration
Mais si cet arrêt fait figure de lueur d’espoir pour des milliers de femmes afghanes, il soulève aussi de nombreuses questions quant à la capacité des États membres à assurer leur protection et leur intégration. Car au-delà de l’octroi d’un statut, c’est tout un parcours d’exil et de reconstruction qui attend ces réfugiées.
L’inclusion des femmes afghanes réfugiées nécessitera des moyens conséquents en termes d’hébergement, d’accompagnement social et d’apprentissage linguistique.
Marissa Benson, chercheuse spécialiste des migrations
Traumatismes, barrière de la langue, différences culturelles… Les obstacles sont nombreux sur la route de l’intégration. Pour y faire face, les pays d’accueil devront déployer des ressources humaines et financières importantes, à l’heure où les systèmes d’asile européens sont déjà sous pression.
Un devoir moral et juridique
Au-delà des défis logistiques, la décision de la CJUE rappelle la responsabilité morale et juridique qui incombe à l’Europe face à la crise afghane. Après 20 ans d’engagement militaire aux côtés des États-Unis, de nombreux pays européens ont une dette envers le peuple afghan, et en particulier envers ces femmes aujourd’hui menacées.
En leur tendant la main, l’UE honore ses valeurs fondamentales de solidarité et de défense des droits humains. Un impératif éthique qui devra guider la réponse européenne dans les mois et années à venir, pour transformer cet arrêt historique en réalité tangible pour les Afghanes en quête d’un avenir meilleur.
