L’eurodéputée Sarah Knafo, membre du parti Reconquête! et compagne d’Éric Zemmour, se retrouve au cœur d’une polémique internationale. En cause : ses propos sur l’aide au développement versée par la France à l’Algérie, qualifiés de “fake news” par le pays maghrébin qui a décidé de porter plainte.
800 millions par an ou en 5 ans ?
Tout est parti de déclarations de Sarah Knafo affirmant à plusieurs reprises dans les médias que la France avait versé “800 millions d’euros à l’Algérie tous les ans” au titre de sa politique d’aide au développement. Des propos tenus notamment dans l’émission “Le Grand Jury” sur RTL, ou encore “Les Grandes Gueules” sur RMC.
L’eurodéputée de 30 ans, énarque et compagne du polémiste Éric Zemmour, y expliquait que cette aide devrait servir de moyen de pression pour obtenir une meilleure coopération de l’Algérie en matière de contrôle de l’immigration clandestine. Le pays suspend en effet régulièrement la délivrance des laissez-passer consulaires permettant à la France d’expulser les Algériens visés par une obligation de quitter le territoire (OQTF).
Sarah Knafo a depuis reconnu une “maladresse de formulation”, expliquant qu’elle parlait en réalité de 800 millions d’euros versés sur 5 ans, soit 160 millions par an en moyenne, un chiffre cette fois conforme aux données de l’Agence Française de Développement.
L’Algérie “ne dépend pas de l’aide au développement”
Mais le mal était fait. Les propos initiaux de la jeune femme politique, largement relayés et commentés en Algérie, ont suscité l’ire des autorités. L’avocat franco-algérien Nabil Boudi a annoncé sur Twitter le dépôt d’une plainte contre Sarah Knafo pour “diffusion de fake news”. Une plainte dont l’État algérien lui-même serait à l’origine.
L’Algérie est un pays aisé financièrement et ne dépend pas de l’aide au développement
– Un journaliste algérien du site TSA
Au-delà du montant, c’est le principe même d’une dépendance à l’aide française qui est rejeté avec véhémence côté algérien. “Les Algériens ont honte de recevoir cet argent, et nous avons honte de le leur donner, en le prenant dans la poche des Français”, a rétorqué Sarah Knafo. Un terrain glissant pour les relations diplomatiques entre les deux pays, déjà tendues sur fond de conflit mémoriel et de rivalité régionale.
Une bataille judiciaire et politique
Si la plainte est déposée, il reviendra à la justice française de se prononcer sur le fond, à savoir le caractère fallacieux ou non des propos de Sarah Knafo sur les “800 millions par an”. Mais le volet politique n’est pas en reste. En choisissant d’attaquer une figure montante de l’extrême-droite française, l’Algérie envoie un message clair.
De son côté, Sarah Knafo, novice en politique, réalise peut-être que chaque mot compte quand on évolue sur la scène internationale, où la précision est de mise. Mais fidèle à la ligne dure de Reconquête! sur l’immigration, elle ne renie pas le fond de son propos sur la nécessité de revoir les termes de la coopération franco-algérienne. La polémique ne fait sans doute que commencer.
