En cette édition 2024, le festival Rock en Seine se distingue par sa volonté d’offrir une expérience accessible et inclusive à tous les festivaliers, y compris ceux en situation de handicap. À quelques mois des Jeux Paralympiques de Paris, l’événement musical multiplie les initiatives pour permettre à chacun de profiter pleinement des concerts et de l’ambiance festive.
Un concert entièrement chansigné, une première pour Rock en Seine
Jeudi soir, le concert du groupe américain Gossip a marqué les esprits. Pour la première fois dans l’histoire du festival, le show a été intégralement traduit en langue des signes. Trois interprètes, vêtus de tenues en accord avec l’univers rock et queer du groupe, se sont relayés sur scène pour chansigner les paroles et les échanges de la charismatique chanteuse Beth Ditto.
Cette initiative, portée par le collectif “10 Doigts En Cavale”, témoigne d’une prise de conscience croissante des acteurs culturels quant à l’accessibilité des événements. Aurélie Nahon, cofondatrice du collectif, se réjouit de cette évolution : “Comme la plupart des festivals avec qui on travaille, ce sont eux qui proposent aux artistes s’ils sont intéressés pour être chansignés. Et là, Gossip a répondu présent”.
Des souffleurs d’images pour les festivaliers aveugles et malvoyants
Autre dispositif novateur mis en place cette année : les souffleurs d’images. Quatre bénévoles formés par l’association Souffleurs de Sens sont présents chaque jour pour décrire en direct les concerts et l’atmosphère du festival aux personnes aveugles ou malvoyantes équipées d’un casque audio.
Depuis cette saison, on a lancé une nouvelle discipline, le soufflage en festival, on a formé ces bénévoles. Et c’est dans ce cadre-là qu’on a noué ce partenariat avec Rock en Seine.
Victor Dobin, responsable souffleurs d’images chez Souffleurs de Sens
Si seulement deux personnes avaient réservé ce service pour un concert dimanche, Victor Dobin note “une plus grande écoute des structures culturelles en général” sur les questions de handicap. Un constat partagé par Aurélie Nahon, qui observe un net changement depuis cinq ans, notamment chez les jeunes équipes des lieux culturels.
Des espaces de “pauses sociales” pour les personnes ayant des troubles cognitifs
Rock en Seine a également pensé aux festivaliers ayant des troubles autistiques, des troubles cognitifs ou une déficience intellectuelle. En partenariat avec l’entreprise Jilu et l’association APF France Handicap, le festival a aménagé trois espaces de “pauses sociales”, des bulles de calme où il est possible de se ressourcer loin de la foule et du bruit.
Marie-Caroline Baraud, fondatrice de Jilu, explique : “C’est destiné aux personnes en situation de handicap qui ont des besoins plus forts là-dessus mais ouvert à tous ceux, bien sûr, qui auraient envie de se réfugier un petit peu dans ces espaces quand il y a beaucoup de musique, beaucoup de bruit, une foule etc”.
Un effet d’entraînement à l’approche des Jeux Paralympiques ?
Cette multiplication des initiatives en faveur de l’accessibilité n’est pas étrangère à la tenue prochaine des Jeux Paralympiques de Paris (28 août-8 septembre). La flamme paralympique passera d’ailleurs par le festival dimanche soir. Un symbole fort pour encourager le monde de la culture à poursuivre ses efforts en matière d’inclusion.
Comme le souligne Victor Dobin : “On en parle plus, on en parle aussi beaucoup plus librement et surtout on donne la parole aux personnes concernées en cette période de Jeux paralympiques, ça aide forcément le grand public à, au moins, s’interroger sur la question du handicap”.
Rock en Seine montre la voie et prouve qu’il est possible d’allier musique, fête et accessibilité. Un exemple à suivre pour faire des événements culturels des moments de partage et de célébration ouverts à tous, quelles que soient les différences.