C’est un séisme politique qui a ébranlé le Rassemblement National. Après une ascension fulgurante ces dernières années, le parti d’extrême-droite a subi un brutal coup d’arrêt aux élections législatives de 2024. Un échec cuisant qui force Marine Le Pen et ses troupes à un vaste droit d’inventaire. Enquête sur les raisons de cette déroute surprise et ses conséquences pour l’avenir du mouvement lepéniste.
Un plafond de verre électoral plus solide que prévu
Porté par les bons scores de Marine Le Pen à la présidentielle, le RN abordait ces législatives avec des ambitions élevées, espérant franchir un nouveau cap dans son implantation. Las, le parti s’est une nouvelle fois heurté à ses limites avec seulement 125 députés élus, loin de l’objectif affiché. Un échec électoral patent qui remet en cause la stratégie de normalisation du mouvement.
Pourtant, rien ne laissait présager une telle contre-performance. Surfant sur une dynamique positive, Marine Le Pen et Jordan Bardella affichaient leur confiance. Mais les électeurs en ont décidé autrement, sanctionnant un RN jugé pas encore suffisamment crédible pour gouverner. Un message sans appel.
Le RN victime d’erreurs de casting
Au-delà du plafond de verre, le parti a aussi souffert de mauvais choix de candidats, avec plusieurs profils problématiques ou inexpérimentés. Des “erreurs de casting payées très cher”, a reconnu Jordan Bardella. Un constat sévère poussant le RN à revoir sa stratégie de recrutement.
On a privilégié la quantité à la qualité. C’est une leçon pour l’avenir, il faudra être plus sélectif et exigeant.
– Un cadre du RN
Marine Le Pen fragilisée, l’autorité de Jordan Bardella écornée
Dans ce contexte délicat, c’est l’avenir politique de Marine Le Pen elle-même qui semble s’obscurcir. Très investi dans ces législatives, la patronne du RN espérait conforter son leadership en vue de 2027. C’est raté. Si un départ n’est pas à l’ordre du jour, sa position apparaît fragilisée, ouvrant la voie à des questionnements sur la ligne politique et la gouvernance du mouvement.
De son côté, Jordan Bardella voit également son autorité écornée par cette défaite. Propulsé à la tête du parti l’an dernier, le jeune président doit maintenant faire face aux critiques et se repositionner. Un bilan difficile pour ses premiers mois de mandat.
Rassemblement National: les pistes d’un sursaut
Pour rebondir et s’affirmer comme première force d’opposition, le RN veut miser sur un travail parlementaire actif et construire une image plus responsable. Reste à savoir si cela suffira à redresser la barre et jeter les bases d’un succès en 2027. Un immense défi qui passe inévitablement par un examen de conscience et un renouvellement en profondeur.
- Revoir le processus de sélection des candidats et cadres
- Approfondir le travail programmatique, notamment sur les questions économiques et régaliennes
- Consolider les bastions locaux et partir à la reconquête des territoires perdus
- Développer de nouveaux relais dans la société civile pour renforcer sa crédibilité
Autant de chantiers titanesques qui attendent le RN version post-2022, contraint de se réinventer pour espérer franchir un jour le seuil du pouvoir. La route s’annonce longue et semée d’embûches pour ce parti qui paie encore au prix fort son ADN sulfureux et ses approximations. Faute d’un aggiornamento en profondeur, son horizon électoral risque bien de rester durablement bouché.