En plein cœur de l’été, alors que la plupart des enfants profitent de vacances insouciantes, une polémique enfle autour des colonies organisées par l’Institut Européen des Sciences Humaines (IESH). Cet établissement, créé sous l’impulsion de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, propose en effet des séjours pour les 6-10 ans intégrant pas moins de 5 heures d’enseignement coranique quotidien. Un programme qui suscite l’inquiétude et relance le débat sur la place de l’islam en France.
L’IESH, un centre de formation islamique influent mais controversé
Fondé en 1992 à Château-Chinon, dans le Morvan, l’Institut Européen des Sciences Humaines se présente comme un établissement d’enseignement supérieur privé musulman. Étroitement lié à l’UOIF, puissante fédération proche des Frères musulmans, il forme de nombreux cadres religieux et est régulièrement accusé par ses détracteurs de promouvoir un islam rigoriste.
Les révélations sur ces colonies coraniques intensives pour les plus jeunes enfants ne font qu’attiser les soupçons d’un projet d’endoctrinement religieux. Le planning chargé, avec 5 heures consacrées à l’étude du Coran chaque jour, interroge sur les véritables intentions pédagogiques de ces séjours et le respect du rythme des enfants.
La laïcité face au spectre du séparatisme
Cette affaire ravive les craintes d’une dérive communautariste et d’une remise en cause de la laïcité. Bien que légales, ces colonies questionnent la frontière délicate entre liberté de culte et respect des valeurs républicaines. Elles s’inscrivent dans un contexte de tensions récurrentes autour de la place de l’islam dans la société française.
“On ne peut que s’inquiéter de voir des enfants si jeunes soumis à un tel rythme d’enseignement religieux pendant leurs vacances. Cela ressemble plus à du formatage qu’à de l’éveil spirituel.”
– Un responsable politique
Face à la polémique grandissante, les préfectures ont décidé d’interdire ces colonies cet été, invoquant des risques pour les enfants. Une décision saluée par les pourfendeurs de l’islam politique mais dénoncée par l’IESH comme une atteinte à la liberté religieuse.
Un sujet clivant, symptôme d’un malaise plus profond
Au-delà de l’émotion suscitée, cette controverse met en lumière les fractures qui traversent la société française sur la question de l’islam. Entre volonté d’intégration et tentation du repli, les musulmans de France peinent à trouver leur juste place. Et les initiatives comme celles de l’IESH, aussi légales soient-elles, ne font qu’attiser les peurs et les fantasmes.
“C’est un sujet extrêmement sensible et clivant. Il faut éviter les amalgames tout en étant vigilant sur les dérives potentielles. Le dialogue et la pédagogie restent les meilleurs remparts contre l’extremisme, d’où qu’il vienne.”
– Un expert des questions d’intégration
Loin d’être anecdotique, la polémique autour de ces colonies coraniques pour enfants est révélatrice des crispations qui agitent la France dès lors que l’islam s’affiche dans l’espace public. Un débat complexe qui ne peut être tranché à l’emporte-pièce mais nécessite une réflexion de fond sur la façon de concilier liberté religieuse et principes républicains. L’interdiction n’est sans doute qu’un pis-aller, le vrai défi restant celui du vivre-ensemble dans une société plurielle.