Vous baladez-vous parfois avec un couteau dans la poche à Nantes ? Prenez garde, depuis le mois d’avril, vous risquez de vous voir infliger une amende forfaitaire de 500€ si un contrôle de police révèle que vous portez une lame sur vous. Une mesure expérimentale censée décharger les tribunaux, mais dont l’efficacité laisse pour l’instant les forces de l’ordre dubitatives.
Une alternative à la procédure judiciaire classique
Jusqu’ici, les personnes interpellées en possession d’un couteau ou d’un autre objet tranchant faisaient systématiquement l’objet d’une procédure judiciaire. Mais depuis le printemps, à Nantes comme dans 11 autres métropoles françaises, le simple port d’arme blanche, lorsqu’il n’est associé à aucune circonstance aggravante, peut être sanctionné directement par une amende forfaitaire délictuelle de 500€.
L’objectif affiché est de limiter l’engorgement des tribunaux et d’accélérer le traitement de ce type d’infractions. Plutôt que de passer par la case justice, le contrevenant doit s’acquitter de l’amende dans un délai de 45 jours. Un montant qui peut être minoré à 400€ en cas de paiement immédiat, ou majoré à 1000€ si le règlement n’intervient pas dans les temps.
Des premières semaines en demi-teinte
Mais après trois mois d’expérimentation, le bilan semble mitigé. D’après les chiffres de la Direction interdépartementale de la police nationale, seulement une vingtaine d’amendes auraient été dressées depuis la mise en place du dispositif. Un chiffre qui interroge sur son efficacité réelle comme outil de dissuasion et de sanction.
Cela permet de rendre la sanction rapide et effective, mais n’a aucun effet sur les personnes insolvables.
Thierry Audouin, secrétaire départemental pour Alternative Police-CFDT
Du côté des syndicats de police, on pointe du doigt plusieurs limites. Le fait qu’une partie des personnes verbalisées soient insolvables et qu’aucune mesure coercitive ne soit prévue en cas de non-paiement. Mais aussi les nombreuses excuses invoquées par ceux qui se font contrôler.
Les Roms et les SDF ne sont pas solvables ; les autres trouvent toujours une bonne excuse pour porter un couteau. Vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui se promènent avec une lame pour casser la croûte.
Un policier de Nantes
Les agressions au couteau se poursuivent
Surtout, en dépit de cette nouvelle mesure judiciaire, les agressions à l’arme blanche ne semblent pas faiblir dans la Cité des Ducs. En mai dernier, un guet-apens au couteau impliquant neuf personnes a fait deux blessés en centre-ville. Quelques semaines plus tard, un homme était poignardé dans le dos.
Des faits divers qui témoignent de la banalisation du port d’armes blanches. Selon les estimations du syndicat Unité-SGP FO Police, il y aurait environ 130 agressions au couteau chaque jour en France. Un véritable fléau pour la sécurité des citoyens.
Quelle efficacité sur le long terme ?
Si l’expérimentation nantaise est globalement bien perçue par les élus locaux, à l’image du maire de Nice Christian Estrosi qui vante le caractère “immédiat” de cette nouvelle sanction, la question de son efficacité sur le long terme continue de se poser.
Pour Thierry Audouin d’Alternative Police-CFDT, “au-delà du port d’arme prohibé, seules des sanctions fermes en cas d’utilisation de couteaux, même sans blessure, auront un effet dissuasif. C’est la lourdeur de la sanction qui fait la gravité des faits”. Un avis partagé par de nombreux représentants des forces de l’ordre.
L’avenir dira si cette amende forfaitaire pour simple port de couteau permet d’endiguer durablement les violences liées aux armes blanches. D’ici là, la prudence reste de mise dans les rues nantaises. Et gare à vous si vous vous baladez avec un couteau dans la poche, même pour couper votre sandwich du midi !