Dans la torpeur étouffante de la canicule occitane, la 16e étape du Tour de France a offert son lot de rebondissements entre Narbonne et Nîmes. Si on retiendra surtout la nouvelle démonstration de force de Jasper Philipsen au sprint, d’autres enseignements, positifs comme négatifs, sont à tirer de cette journée de transition. Passage en revue des tops et flops du jour.
Philipsen, l’arme fatale
Comme un symbole, c’est au lendemain de la seconde journée de repos que Jasper Philipsen a encore frappé sur ce Tour 2024. Déjà vainqueur à Bayonne dans les mêmes circonstances, le Belge d’Alpecin-Deceuninck a survolé le sprint massif à Nîmes, s’imposant avec plusieurs vélos d’avance. Un succès éclatant, le troisième depuis le départ, qui récompense le travail de toute son équipe.
Emmenés par un impressionnant Mathieu van der Poel, les hommes en mauve ont verrouillé la course de bout en bout pour placer idéalement leur fusée. Mis sur orbite tel une balle de fusil, Philipsen n’a laissé aucune chance à la concurrence. Surtout, avec la chute et l’abandon de Biniam Girmay dans le final, il revient à 32 petits points de la tunique verte. De quoi légitimement rêver plus grand.
Gachignard, seul au monde
Dans une étape au rythme soporifique, un homme aura au moins eu le mérite d’animer la course : Thomas Gachignard. Le jeune Français de 23 ans, néophyte sur le Tour, est le seul à avoir osé braver la torpeur ambiante en s’échappant en solitaire pendant près de 100 kilomètres sous un soleil de plomb.
Bien que condamné d’avance face à un peloton pas décidé à le laisser partir, le coureur de TotalEnergies aura démontré de belles qualités. Récompensé du prix de la combativité à l’arrivée, il s’est offert une première belle journée sur la Grande Boucle, lui qui avait déjà décroché la 3e place des récents championnats de France. Une éclaircie bienvenue dans le morne paysage de ce mardi.
Girmay, le ciel lui tombe sur la tête
Alors qu’il pouvait nourrir de belles ambitions au sprint sur ses terres de prédilection, Biniam Girmay a vécu une journée cauchemardesque. Pris dans une chute massive à un peu plus d’un kilomètre de l’arrivée, l’Erythréen a vu ses espoirs s’envoler en même temps que son maillot vert.
Groggy et les habits déchirés, le prodige de la Intermarché – Circus – Wanty est apparu sonné sur la ligne, franchie en roue libre à plus de 2 minutes de Philipsen. Un coup dur pour le meilleur jeune de l’épreuve qui devra cravacher pour conserver son bien en montagne. S’il repart, car ses blessures pourraient le contraindre à l’abandon mercredi matin. Un véritable coup de massue.
Démare, le chat noir
Décidément, rien ne va plus pour Arnaud Démare. Alors qu’il avait axé son début de saison sur le Tour de France, le sprinteur français de la Groupama-FDJ reste désespérément muet. 18e à Nîmes, il n’a jamais été en mesure de se mêler à la lutte finale malgré le gros travail de ses équipiers.
Pire, il a été pris dans la même chute que Girmay dans le final, achevant de ruiner ses maigres espoirs. Depuis son succès d’étape en 2018, celui qui avait aussi raflé le maillot vert n’y arrive plus sur le Tour. Pire sprinteur français depuis 10 étapes désormais, il voit même la pépite Lorrenzo Manzin le dépasser dans la hiérarchie. La poisse semble le coller aux basques. Et l’avenir s’annonce sombre pour le Picard de 31 ans.
Au lendemain d’une journée sans grand relief, cette 16e étape aura au moins eu le mérite de dégager quelques enseignements. Si Philipsen s’affirme de plus en plus comme le roi du sprint et que Gachignard a montré un beau tempérament, Girmay et Démare ont vécu un calvaire. Avant d’attaquer les Alpes, le Tour a rendu son verdict: entre les tops et les flops, il n’y a parfois qu’un coup de pédale.