C’est un véritable séisme qui vient de secouer les rangs du Rassemblement National. Laurent Gnaedig, candidat RN aux dernières élections législatives dans le Haut-Rhin, a été radié du groupe RN au Conseil régional du Grand Est. En cause : des propos polémiques tenus à l’antenne au sujet de l’ancien président du Front National, Jean-Marie Le Pen. Retour sur une affaire qui agite le parti à la flamme.
Une sortie médiatique qui fait des vagues
Tout commence le 3 juillet dernier, lors d’un débat organisé sur BFM Alsace. Interrogé sur les déclarations controversées de Jean-Marie Le Pen qualifiant les chambres à gaz de « point de détail » de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Laurent Gnaedig surprend son auditoire en affirmant que ces propos n’étaient « pas une remarque antisémite ».
Des mots qui n’ont pas manqué de faire réagir, d’autant plus que Jean-Marie Le Pen avait, en son temps, été condamné par la justice pour ces déclarations à répétition et même exclu de son propre parti. L’association antiraciste SOS Racisme a rapidement annoncé le dépôt d’une plainte pour « contestation de crime contre l’humanité ».
Le RN tranche et radie Laurent Gnaedig
Face à la polémique grandissante, le bureau exécutif du Rassemblement National a décidé de prendre des mesures. Ce samedi, il a été annoncé que Laurent Gnaedig avait été radié du groupe RN au Conseil régional du Grand Est. Le candidat malheureux aux législatives siègera désormais parmi les non-inscrits.
Je suis non-inscrit dorénavant pour préserver le groupe RN d’éventuelles retombées médiatiques négatives suite à la polémique injuste que j’ai involontairement initiée.
– Laurent Gnaedig
S’il a présenté ses « sincères excuses » après le tollé provoqué par ses propos, Laurent Gnaedig a toutefois tenu à préciser qu’il restait membre du Rassemblement National pour le moment, dans l’attente d’une éventuelle décision de la commission des conflits du parti.
Une affaire symptomatique pour le RN ?
Au-delà du cas personnel de Laurent Gnaedig, cette polémique illustre les difficultés rencontrées par le Rassemblement National pour faire peau neuve et tourner définitivement la page de son sulfureux passé frontiste. Malgré les efforts de dédiabolisation menés par Marine Le Pen, l’ombre de Jean-Marie plane toujours.
Il faut dire que cette affaire tombe au plus mal pour le mouvement lepéniste, quelques jours seulement après sa déroute aux élections législatives. Arrivé largement en tête au premier tour dans la 1ère circonscription du Haut-Rhin, Laurent Gnaedig s’est finalement incliné face à son adversaire macroniste, Brigitte Klinkert, qui l’a emporté avec 58,24% des voix.
Quel avenir pour le candidat radié ?
Si la radiation du groupe RN régional est actée, l’avenir de Laurent Gnaedig au sein du parti reste en suspens. Cet enseignant de 54 ans, professeur d’anglais de son état, joue gros. Son maintien en tant que simple adhérent dépendra du bon vouloir de la commission des conflits du mouvement.
En attendant, celui qui promettait de porter la voix des « patriotes » à l’Assemblée devra se contenter de son strapontin chez les non-inscrits du Conseil régional. De quoi doucher les ambitions de ce militant de longue date, qui risque de payer cher son dérapage verbal.
Une chose est sûre : cette polémique aura des répercussions durables pour le Rassemblement National, qui peine décidément à se départir de ses vieux démons et à incarner cette « normalisation » tant espérée. À un an des élections européennes, le parti de Marine Le Pen devra redoubler de vigilance pour éviter ce genre de dérapages préjudiciables.