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Israël Menace De Suspendre Les ONG À Gaza

Israël durcit les règles pour les ONG opérant à Gaza : celles qui refusent de transmettre la liste de leurs employés palestiniens risquent l'expulsion en 2026. MSF est directement visée pour des liens supposés avec le terrorisme. Mais alors que la population affronte une crise humanitaire majeure, quelles seront les répercussions sur l'aide essentielle ? La situation devient critique...

Imaginez un territoire ravagé par plus de deux ans de guerre, où chaque livraison d’aide humanitaire représente un espoir fragile pour des millions de personnes. Soudain, les organisations qui portent cet espoir se voient menacées d’expulsion si elles ne respectent pas de nouvelles exigences strictes. C’est la réalité à laquelle font face plusieurs ONG internationales à Gaza en cette fin d’année 2025.

Une Mesure Drastique Annoncée Par Israël

Les autorités israéliennes ont pris une décision qui pourrait bouleverser l’équilibre humanitaire déjà précaire dans la bande de Gaza. Elles exigent que toutes les organisations non gouvernementales transmettent la liste complète de leurs employés palestiniens. Faute de quoi, ces structures perdront leur autorisation d’opérer sur le territoire à partir de l’année prochaine.

Cette annonce, faite un mardi de décembre, fixe une échéance très courte : les listes doivent être fournies avant le mercredi suivant. Passé ce délai, les ONG concernées verront leurs licences annulées dès le 1er janvier 2026. Elles disposeront alors jusqu’au 1er mars pour cesser définitivement leurs activités.

Le ministère chargé de ces questions assure que seule une minorité d’organisations est visée. Selon les chiffres officiels, environ 15 % des ONG seraient dans cette situation. Les autres, qui ont déjà coopéré, pourront poursuivre leur mission sans interruption.

Les Motifs Invoqués Par Les Autorités

La justification principale repose sur des préoccupations de sécurité. Les autorités souhaitent vérifier qu’aucun employé n’entretient de liens avec des groupes considérés comme terroristes. Cette procédure vise à exclure toute possibilité d’infiltration ou de soutien indirect à de telles organisations.

Au-delà de cette exigence de liste, d’autres comportements peuvent entraîner un retrait de licence. Il s’agit notamment des actions perçues comme une délégitimation de l’État israélien. Les poursuites judiciaires contre des militaires, la négation de certains événements historiques ou la remise en question des faits du 7 octobre 2023 sont explicitement mentionnées comme des motifs valables.

Le communiqué officiel va plus loin en affirmant que certaines organisations internationales ont été impliquées dans des activités qualifiées de terroristes. Cette accusation générale alimente un climat de méfiance envers le secteur humanitaire dans son ensemble.

MSF Directement Mise En Cause

Une organisation en particulier se retrouve au cœur de la polémique : Médecins Sans Frontières. Les autorités israéliennes affirment avoir identifié deux cas problématiques parmi ses employés à Gaza.

Le premier remonte à juin 2024. Un membre du personnel aurait été reconnu comme affilié au Jihad islamique palestinien. Le second cas, daté de septembre 2024, concerne un employé présenté comme un tireur isolé lié au Hamas.

Ces révélations, présentées comme des preuves concrètes, servent à justifier la nécessité d’un contrôle renforcé. Elles illustrent, selon les autorités, les risques encourus lorsque les vérifications ne sont pas systématiques.

Nous n’emploierions jamais sciemment des personnes engagées dans des activités militaires.

Telle est la réponse ferme de Médecins Sans Frontières. L’ONG souligne qu’elle applique des procédures rigoureuses de recrutement. Elle rejette toute idée d’embauche délibérée de personnes impliquées dans des actions armées.

Concernant la transmission des listes, MSF indique maintenir un dialogue avec les autorités. Elle a toutefois exprimé des réserves importantes sur cette obligation, craignant pour la confidentialité et la sécurité de ses équipes locales.

Un Contexte Humanitaire Déjà Fragile

La bande de Gaza traverse une période particulièrement difficile. Après des mois de conflit intense, un cessez-le-feu précaire tient depuis octobre. Pourtant, les stigmates de la guerre restent omniprésents.

Les infrastructures sont en ruines. L’accès à l’eau potable, à l’électricité et aux soins médicaux reste limité. Plus de deux millions d’habitants dépendent largement de l’aide extérieure pour leurs besoins essentiels.

Dans ce cadre, les ONG jouent un rôle crucial. Elles distribuent nourriture, médicaments et matériel. Elles assurent des consultations médicales d’urgence et soutiennent les structures hospitalières débordées.

Même une interruption partielle de leurs activités pourrait avoir des conséquences graves. Les populations les plus vulnérables – enfants, personnes âgées, malades chroniques – seraient les premières touchées.

La Nouvelle Procédure D’Enregistrement

Cette exigence de transmission de listes s’inscrit dans un processus plus large mis en place depuis mars. Toute ONG souhaitant opérer à Gaza doit désormais obtenir une autorisation préalable.

Sur une centaine de demandes traitées ces derniers mois, seules quatorze ont été refusées à la fin novembre. Cela représente un taux d’acceptation élevé, selon les chiffres communiqués.

Les autorités insistent sur le fait que la grande majorité des organisations respectent les règles. Elles pourront donc continuer à intervenir sans perturbation majeure.

Le ministère des Affaires étrangères va plus loin en affirmant que 99 % de l’aide humanitaire ne sera pas affectée. Cette précision vise à rassurer sur l’impact limité de la mesure.

Les Inquiétudes Des Organisations Humanitaires

Dès mi-décembre, plusieurs ONG avaient tiré la sonnette d’alarme. Elles craignaient que ces nouvelles contraintes ne les empêchent purement et simplement de travailler.

La transmission d’informations personnelles sur les employés locaux pose un dilemme éthique. Dans un contexte de tensions sécuritaires, ces données pourraient être utilisées à d’autres fins. Les travailleurs palestiniens risquent des représailles ou des restrictions supplémentaires.

De plus, le délai imposé apparaît extrêmement court. Préparer et vérifier des listes complètes demande du temps. Certaines organisations pourraient se retrouver pénalisées pour des raisons purement administratives.

Ce climat d’incertitude affecte déjà le moral des équipes sur le terrain. Le recrutement de personnel local devient plus compliqué. Les projets à long terme sont mis en pause dans l’attente de clarifications.

Les Enjeux Pour L’Avenir

Cette décision intervient à un moment charnière. Le cessez-le-feu, bien qu’encourageant, reste fragile. Toute mesure perçue comme un obstacle à l’aide pourrait compliquer les efforts de reconstruction.

Les organisations humanitaires opèrent selon des principes d’impartialité et de neutralité. Elles affirment traiter tous les patients sans distinction. Toute suspicion de partialité nuit à leur crédibilité et à leur sécurité.

Du côté israélien, la sécurité reste la priorité absolue. Après les événements traumatisants du passé, les autorités estiment légitime de contrôler qui intervient sur un territoire sous leur responsabilité.

Le défi consiste à trouver un équilibre. Protéger la sécurité sans paralyser l’assistance humanitaire indispensable. Les prochains mois diront si cet équilibre est atteint.

En attendant, la situation reste tendue. Les ONG concernées doivent choisir rapidement : coopérer pleinement ou risquer l’expulsion. Quelle que soit leur décision, les conséquences rejailliront sur la population gazaouie qui attend, plus que jamais, un soutien continu et fiable.

Ce dossier illustre la complexité des crises prolongées. Sécurité, humanité, politique s’entremêlent dans un nœud difficile à défaire. L’évolution de cette affaire mérite d’être suivie de près dans les semaines à venir.

Rappel des dates clés :

  • Mars : Mise en place de la nouvelle procédure d’enregistrement
  • Juin 2024 : Premier cas signalé chez MSF
  • Septembre 2024 : Second cas signalé
  • Mi-décembre : Inquiétudes publiques des ONG
  • Fin décembre : Annonce de la mesure avec délai court
  • 1er janvier 2026 : Annulation des licences pour les non-conformes
  • 1er mars 2026 : Cessation obligatoire des activités

Ces échéances rapprochées laissent peu de marge de manœuvre. Elles accentuent la pression sur les organisations déjà épuisées par des années d’intervention en zone de conflit.

La communauté internationale observe avec attention. Des voix s’élèvent pour demander un assouplissement. D’autres soutiennent la démarche sécuritaire. Le débat est lancé, et ses répercussions pourraient dépasser les frontières de Gaza.

Pour l’instant, l’incertitude domine. Les habitants de Gaza, eux, continuent d’espérer que l’aide parviendra jusqu’à eux, quelles que soient les contraintes administratives imposées aux acteurs humanitaires.

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