Imaginez revenir chez vous, non pas pour y vivre, mais pour en emporter les derniers vestiges avant que tout ne disparaisse sous les bulldozers. C’est la réalité poignante à laquelle sont confrontés des dizaines d’habitants du camp de réfugiés de Nour Chams, en Cisjordanie occupée. Mercredi matin, ils ont afflué pour sauver ce qui pouvait encore l’être : un réservoir d’eau, un radiateur, des photos de famille ou même un simple matelas.
Une journée sous haute surveillance pour sauver l’essentiel
Le camp, déjà vidé de ses résidents, résonne désormais des bruits de chargement précipité. Des petites camionnettes se remplissent de meubles, de jouets d’enfants, de cadres de fenêtres. Tout se passe sous le regard attentif de soldats israéliens qui contrôlent les identités et fouillent les entrants. Seules les personnes directement concernées par les démolitions à venir sont autorisées à pénétrer dans les lieux.
Cette scène surréaliste illustre le quotidien bouleversé de familles entières. Elles agissent avec hâte, conscientes que le temps leur est compté. Chaque objet récupéré représente un fragment de vie normale qu’elles tentent de préserver face à l’inévitable.
Mahmoud Abdallah, ancien habitant du camp, observe la scène avec amertume. « Le camp est détruit », confie-t-il. Il décrit un paysage de désolation où presque aucune maison n’est restée debout. Seules une ou deux structures partiellement préservées subsistent, mais elles ne sont plus habitables.
Le contexte d’une vaste opération militaire
Début 2025, l’armée israélienne a lancé une opération d’envergure dans plusieurs camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie. Nour Chams, comme ceux de Jénine et Tulkarem, a été particulièrement visé. L’objectif officiel : neutraliser des groupes armés palestiniens implantés dans ces zones densément peuplées.
Cette campagne s’inscrit dans une série d’interventions visant à sécuriser la région selon les autorités israéliennes. Elle a cependant entraîné des conséquences humaines dramatiques. Des centaines de maisons ont déjà été détruites, officiellement pour faciliter les mouvements des troupes.
L’annonce de la démolition de 25 bâtiments résidentiels supplémentaires à Nour Chams est intervenue plus tôt en décembre. Cette décision a précipité le retour temporaire des habitants pour récupérer leurs affaires.
Des milliers de personnes toujours déplacées
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Plus de 32 000 personnes restent déplacées à cause de ces opérations, selon l’agence des Nations unies dédiée aux réfugiés palestiniens. Ce déplacement massif touche principalement les camps du nord de la Cisjordanie.
Dans la région de Tulkarem seule, environ 1 600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites. Ces destructions ont provoqué ce que certains qualifient de crise de déplacement la plus grave depuis des décennies dans cette zone.
Les familles concernées se retrouvent souvent sans solution durable. Elles dépendent de l’aide humanitaire pour subvenir à leurs besoins essentiels. Le retour temporaire pour récupérer des biens personnels constitue un rare moment de reconnexion avec leur ancien foyer.
Des critiques internationales face aux démolitions
Les démolitions prévues soulèvent de vives interrogations. Un responsable de l’agence onusienne en Cisjordanie affirme qu’il n’existe aucune nécessité militaire à ces destructions. Il y voit plutôt une stratégie plus large visant à modifier durablement la configuration géographique des lieux.
Cette analyse qualifie la situation d’inacceptable. Elle met en lumière les impacts à long terme sur les populations civiles. Les camps de réfugiés, déjà symboles historiques de déplacement, subissent une nouvelle couche de bouleversement.
« Il n’y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions. Elles s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain. Tout simplement inacceptable. »
Ces mots résument le sentiment partagé par de nombreux observateurs internationaux. Ils pointent une disproportion entre les objectifs sécuritaires déclarés et les conséquences humanitaires observées.
La résilience des habitants face à la destruction
Au milieu de cette désolation, des voix de détermination s’élèvent. Ibtisam al-Ajouz, dont la maison figure parmi celles promises à la démolition, refuse de céder au découragement.
« Nous reviendrons et, si Dieu le veut, nous reconstruirons, même si les maisons sont démolies, nous n’aurons pas peur. »
Cette déclaration incarne l’esprit de résilience qui anime de nombreux habitants. Malgré la perte matérielle imminente, l’attachement à la terre et à la communauté reste intact.
Les objets récupérés ce jour-là – photos, jouets, meubles – deviennent des symboles de continuité. Ils portent en eux les souvenirs d’une vie interrompue mais pas anéantie.
Les objets du quotidien deviennent trésors
Dans la précipitation, chaque choix compte. Certains privilégient les réservoirs d’eau, essentiels dans une région où l’accès à cette ressource peut être compliqué. D’autres optent pour des radiateurs, anticipant les nuits froides à venir.
Les photos de famille occupent une place particulière. Ces images figent des moments heureux, des visages aimés. Elles constituent un lien intangible avec le passé dans un présent marqué par l’incertitude.
Même les jouets d’enfants trouvent leur place dans les chargements. Ces petits objets rappellent que derrière les statistiques de déplacement se cachent des enfances bouleversées.
Objets les plus récupérés ce jour-là :
- Réservoirs d’eau volumineux
- Photos et albums de famille
- Matelas et literie
- Radiateurs et chauffages
- Meubles essentiels
- Jouets pour enfants
- Cadres de fenêtres ou portes
Cette liste, bien que modeste, révèle les priorités vitales des familles. Elle témoigne aussi de la réduction drastique de leur cadre de vie.
Un camp transformé en champ de ruines
Le paysage actuel de Nour Chams est méconnaissable pour ceux qui l’ont connu habité et animé. Les rues autrefois pleines de vie sont désormais jonchées de débris. Les bâtiments effondrés dominent la vue.
Les rares structures encore debout portent les stigmates des combats et des destructions précédentes. Elles ne offrent plus la sécurité nécessaire pour y vivre. Le camp entier semble suspendu dans un état de transition destructrice.
Cette transformation physique s’accompagne d’une fracture sociale profonde. Les liens communautaires, forgés au fil des générations dans ces camps, sont mis à rude épreuve par la dispersion forcée.
Les implications à plus long terme
Les événements de Nour Chams ne sont pas isolés. Ils s’inscrivent dans une dynamique plus large affectant plusieurs camps du nord de la Cisjordanie. Les destructions cumulées redessinent la carte humaine de la région.
La crise de déplacement actuelle rappelle des chapitres historiques douloureux. Elle soulève des questions sur l’avenir de ces populations réfugiées depuis des décennies.
Malgré tout, la volonté de retour et de reconstruction persiste. Elle porte l’espoir que, un jour, ces lieux retrouveront leur vocation première : abriter des familles en quête de stabilité.
La journée de récupération des biens à Nour Chams restera gravée dans les mémoires. Elle symbolise à la fois la perte irréversible et la ténacité face à l’adversité. Dans ce contexte de tension permanente, chaque objet sauvé devient un acte de résistance silencieuse.
Les habitants continuent de porter en eux l’image de leur camp tel qu’il était. Cette mémoire collective nourrit leur détermination à ne pas abandonner. Même face aux démolitions annoncées, l’esprit de reconstruction demeure vivace.
Cette histoire humaine, au-delà des considérations stratégiques, rappelle la fragilité des existences ordinaires prises dans les tourments géopolitiques. Elle invite à une réflexion plus large sur les coûts humains des conflits prolongés.
Alors que les bulldozers se préparent à entrer en action, les familles emportent avec elles non seulement des objets, mais aussi une promesse : celle de revenir, coûte que coûte.
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