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Le Sahel Enflamme les Côtes Africaines en 2026

En 2025, le Bénin a vécu l’année la plus sanglante de son histoire à cause des jihadistes venus du Sahel. Et ce n’est que le début : l’ONG Acled prévient qu’un immense nouveau front se forme du Mali jusqu’au Nigeria, prêt à engloutir les pays côtiers en 2026…

Imaginez un pays paisible, bordé par l’océan, où les marchés débordent de couleurs et où la menace terroriste semblait appartenir à une autre planète. Et puis, d’un seul coup, des hommes armés surgissent des forêts du nord, attaquent villages et postes-frontières, et transforment la vie quotidienne en cauchemar. C’est exactement ce qui arrive aujourd’hui au Bénin.

En 2025, ce petit État côtier d’Afrique de l’Ouest a enregistré l’année la plus meurtrière de toute son histoire récente à cause des violences jihadistes. Et selon l’ONG Acled, spécialisée dans le recensement des conflits, ce n’est que le début d’un phénomène bien plus vaste.

Un nouveau front jihadiste s’ouvre vers l’océan Atlantique

Depuis plusieurs années, le Sahel central – Burkina Faso, Mali, Niger – est dévoré par les flammes de la guerre asymétrique. Des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique y dictent leur loi dans d’immenses zones rurales. Mais en 2025, la dynamique a brutalement changé.

Les combattants ont commencé à pousser vers le sud, là où la savane laisse place aux forêts plus denses et aux terres agricoles riches des États côtiers. Le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire et même le Ghana se retrouvent désormais en première ligne.

Le Bénin, laboratoire tragique de l’expansion

Le nord du Bénin partage des centaines de kilomètres de frontières poreuses avec le Burkina Faso et le Niger. Pendant longtemps, ces parcs naturels et ces zones protégées étaient des refuges pour la faune. Ils sont devenus des couloirs d’infiltration.

Entre janvier et novembre 2025, le nombre de morts liés aux violences jihadistes a bondi de près de 70 % par rapport à la même période 2024. Des villages entiers ont été attaqués, des militaires tués dans leurs postes, des civils enlevés ou exécutés.

Les parcs nationaux du W et de la Pendjari, autrefois destinations touristiques prisées, se transforment en bases arrière. Les rangers, mal équipés, sont les premières victimes de cette guerre qui n’était pas la leur.

La fusion des deux grands théâtres jihadistes africains

L’élément le plus inquiétant n’est pas seulement la progression vers le sud. C’est la rencontre, dans la zone tri-frontalière Bénin-Niger-Nigeria, entre deux univers jihadistes qui évoluaient jusqu’ici séparément.

D’un côté, les groupes sahéliens : le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié Al-Qaïda) et l’État islamique au Sahel (EIS). De l’autre, les factions nigérianes issues de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP).

Ces derniers mois, les échanges d’armes, de combattants et de tactiques se sont multipliés. Les experts parlent déjà d’une fusion progressive des zones d’opérations : un immense arc de violence qui s’étend désormais du fleuve Sénégal à l’ouest jusqu’au lac Tchad à l’est, et qui descend dangereusement vers l’Atlantique.

« La consolidation d’un nouveau front dans les zones frontalières du Bénin, du Niger et du Nigeria revêt désormais une importance stratégique tant pour les groupes jihadistes sahéliens que nigérians. »

ONG Acled – Rapport Conflits à surveiller 2026

Le centre du Sahel reste un enfer

Malgré cette expansion vers les côtes, le cœur historique du conflit reste incandescent. En 2025, plus de 10 000 personnes ont été tuées au Burkina Faso, au Mali et au Niger – un chiffre comparable à 2024, mais avec une intensification nette des opérations.

Au Mali, le JNIM a même imposé plusieurs semaines de blocus économique en attaquant systématiquement les convois de carburant vers Bamako. Conséquence directe : des régions entières du sud et de l’ouest du pays ont connu des niveaux de violence jamais vus depuis 1997.

Les villes de Kayes, Sikasso et Ségou, habituellement épargnées, ont été touchées par des attentats et des affrontements. Le message est clair : personne n’est à l’abri, même loin des zones traditionnelles de conflit.

La vague inédite d’enlèvements d’étrangers

Autre phénomène marquant de 2025 : l’explosion du nombre d’enlèvements ciblant des étrangers. Au Mali, 22 cas ont été recensés dans l’année. Au Niger, 8. Des chiffres records.

Ces rapts ne sont pas seulement crapuleux. Ils servent à financer les groupes par des rançons, mais aussi à faire pression sur les gouvernements et à décourager toute présence étrangère, humanitaire ou économique.

Les ONG, les entreprises minières, les coopérants : tous sont désormais des cibles prioritaires. Plusieurs zones autrefois considérées comme sûres sont devenues inaccessibles.

Pourquoi cette expansion devient-elle si rapide ?

Plusieurs facteurs se combinent pour expliquer cette accélération dramatique.

  • Le retrait des forces françaises et européennes après les coups d’État au Mali, Burkina et Niger a créé un vide sécuritaire immense.
  • Les juntes militaires au pouvoir privilégient des partenariats avec la Russie et ses mercenaires, mais ces derniers peinent à endiguer la menace jihadiste.
  • Les frontières sont extrêmement poreuses et les États côtiers manquent cruellement de moyens pour surveiller des milliers de kilomètres de bush.
  • La misère rurale et le chômage des jeunes offrent un vivier de recrutement inépuisable aux groupes armés.
  • Le changement climatique accentue les conflits autour des ressources (eau, pâturages, terres agricoles).

Le cocktail est explosif.

Quelles conséquences pour 2026 ?

L’ONG Acled place cette région en tête de sa liste des conflits à surveiller l’an prochain. Et pour cause : si la tendance se confirme, les pays côtiers pourraient connaître le même enchaînement infernal que le Sahel central il y a dix ans.

Des attaques dans les grandes villes du sud, des blocus économiques, des déplacements massifs de populations, une militarisation tous azimuts… Le scénario est connu. Il a déjà fait des millions de victimes plus au nord.

Aujourd’hui, la communauté internationale regarde ailleurs. Demain, il sera peut-être trop tard.

Le feu qui couve au Sahel descend inexorablement vers l’océan. Et quand il atteindra les côtes, il risque d’embraser toute une sous-région.

La question n’est plus de savoir si les pays côtiers seront touchés. Elle est de savoir quand, et à quelle échelle.

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