C’est un véritable séisme qui vient de frapper la vie politique française. À l’issue du second tour des élections législatives anticipées de 2024, le Rassemblement national et ses alliés ont réussi un exploit inédit en obtenant 143 sièges à l’Assemblée nationale. Jamais dans l’histoire de la Ve République, l’extrême droite n’avait réussi une telle percée au Palais Bourbon. Pourtant, ce résultat reste bien en-deçà des projections des instituts de sondage qui voyaient le parti de Marine Le Pen encore plus haut.
Une progression constante depuis 2012
Pour mesurer l’ampleur de ce séisme, il faut remonter une décennie en arrière. En 2012, sous la houlette de Marine Le Pen, le Front national (ancêtre du RN) parvenait tout juste à faire élire 2 députés à l’Assemblée. Cinq ans plus tard, en 2017, ils étaient 8 élus frontistes à siéger au Palais Bourbon. Puis en 2022, une première percée majeure avec 89 députés RN.
Cette marche en avant s’est donc confirmée et même accélérée en 2024, avec ces 143 sièges décrochés. Le RN devient ainsi la première force d’opposition à l’Assemblée, loin devant la NUPES. Un statut inédit pour l’extrême droite française.
Des scores portés par la France périphérique
Comme lors des scrutins précédents, c’est dans la France périphérique que le RN a réalisé ses meilleurs scores : zones rurales, villes moyennes désindustrialisées, territoires en décrochage… Marine Le Pen avait axé sa campagne sur le pouvoir d’achat et l’insécurité, des thématiques qui ont fait mouche dans ces territoires se sentant abandonnés par les élites parisiennes.
Un score historique en demi-teinte
Pour autant, le RN espérait mieux au soir de ce second tour. Les sondages lui promettaient jusqu’à 200 élus, de quoi pouvoir peser très lourd à l’Assemblée. Avec “seulement” 143 députés, le parti de Marine Le Pen ne pourra pas imposer ses vues aussi facilement qu’espéré. Un demi-succès en quelque sorte, même si cela reste une avancée majeure pour l’extrême droite.
Nous sommes la première force d’opposition, mais nous aurions pu et dû faire mieux. La mobilisation n’a pas été suffisante.
– Marine Le Pen, au soir du second tour
Quelles conséquences politiques ?
Avec ce groupe très fourni à l’Assemblée, le RN va pouvoir peser sur tous les débats et tenter d’imposer ses thèmes de prédilection : immigration, sécurité, pouvoir d’achat… De quoi influencer fortement l’agenda politique des prochains mois et compliquer la tâche du gouvernement.
Certains dans la majorité craignent même que ces députés RN ne cherchent à paralyser le fonctionnement de l’Assemblée, comme ils l’avaient fait au Parlement européen. Bref, une nouvelle ère politique s’ouvre avec cette percée historique de l’extrême droite, et nul ne peut prédire quelles en seront les conséquences à long terme pour le pays.