Les élections législatives 2024 ont livré leur verdict dans la 10e circonscription du Nord. Sans surprise, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin l’emporte largement avec 58,9% des voix face à son rival du Rassemblement national. Mais au-delà de ce résultat attendu, quels enseignements tirer de ce scrutin pour l’avenir politique national ?
Un ancrage local renforcé pour Darmanin
Malgré un premier tour en demi-teinte, Gérald Darmanin confirme son implantation à Tourcoing, ville dont il a été maire de 2014 à 2017. Grâce au retrait de la candidate du Nouveau Front populaire, il creuse l’écart au second tour. Une victoire symbolique pour celui qui incarne l’aile droite de la macronie.
Transfuge de Les Républicains en 2017, Gérald Darmanin n’a eu de cesse de revendiquer cet ancrage à droite, notamment sur les questions régaliennes. Son bilan à Beauvau et sa ligne politique semblent ainsi en phase avec son territoire d’élection.
Vers un départ du gouvernement
Fort de cette légitimité retrouvée dans les urnes, Gérald Darmanin a annoncé son souhait de quitter le gouvernement pour se concentrer sur son mandat de député. Une décision lourde de sens à l’heure où l’exécutif est fragilisé par la poussée des extrêmes à l’Assemblée.
Je pense qu’il faut reconstruire [la droite].
Gérald Darmanin, sur ses ambitions politiques
En refusant de participer à une éventuelle coalition élargie, de la gauche au centre droit, Gérald Darmanin cherche à incarner le futur de la droite modérée face à un Rassemblement national en dynamique. Un pari risqué dans une Assemblée nationale morcelée.
Quel avenir pour la majorité présidentielle ?
Au-delà de la trajectoire personnelle de Gérald Darmanin, son départ du gouvernement affaiblirait un peu plus la majorité d’Emmanuel Macron. Déjà privée de majorité absolue, elle pourrait perdre l’un de ses poids lourds, dernier pont vers un électorat de droite tenté par le vote RN.
- Une personnalité clivante mais influente
- Un vivier électoral crucial pour 2027
- Un pilier de la politique sécuritaire
À deux ans de la présidentielle, le risque est grand de voir la droite se rétracter sur son noyau conservateur, loin des lignes de fracture du macronisme. Un scénario noir pour la macronie mais une opportunité pour Les Républicains de retrouver une partie de leur espace politique perdu.
Les Hauts-de-France, laboratoire politique
La région des Hauts-de-France, où la gauche résiste mieux qu’ailleurs et la droite garde des bastions, apparaît comme un laboratoire des recompositions politiques à l’œuvre. Xavier Bertrand et Gérald Darmanin en sont les ambassadeurs.
Tendance politique | Personnalité | Résultats 2024 |
---|---|---|
Gauche | Fabien Roussel | Réélu |
Droite | Xavier Bertrand | Réélu |
Rassemblement national | Sébastien Chenu | Battu |
Si le duel droite-extrême droite semble bien installé, la région sait aussi préserver des ilots de gauche dans un océan conservateur. Une singularité à méditer pour l’avenir des différentes familles politiques au niveau national.
2027 en ligne de mire
En choisissant de se concentrer sur son mandat local, Gérald Darmanin renonce pour l’heure à briguer Matignon. Mais avec ce choix tactique, il gagne du temps et de la visibilité pour préparer la suite, loin de l’usure du pouvoir. Le prochain test sera les européennes de 2024 qui donneront une nouvelle photographie du paysage politique, avant la présidentielle.
Je ne veux pas participer à une coalition qui va de la gauche au centre droit.
Gérald Darmanin, sur ses intentions
À 40 ans, Gérald Darmanin a prouvé sa capacité à consolider son fief électoral et à gagner en influence au sein de la macronie. Sa victoire aux législatives ouvre un nouveau chapitre pour son destin politique national, à un moment charnière pour la recomposition de la droite et du centre. Un parcours à suivre de près dans la perspective de 2027.