Imaginez-vous partir chercher votre pain un mercredi matin, dans une rue calme et historique de La Rochelle. Il est à peine 8 h 30, le froid de décembre pique encore les joues, et soudain… un homme presque nu, une simple serviette nouée autour des hanches, surgit au milieu de la chaussée. Dans ses mains, une imposante arbalète de chasse. Et de sa bouche, des cris répétés : « Allah Akbar ». En quelques secondes, la tranquille rue de la Cloche bascule dans l’effroi.
Une interpellation sous haute tension en plein cœur de La Rochelle
Ce 3 décembre 2025, les forces de l’ordre ont été alertées par plusieurs témoins paniqués. L’individu, âgé de 38 ans, semblait complètement hors de lui. Torse nu malgré la température hivernale, il brandissait son arme avec des gestes désordonnés, alternant cris religieux et menaces confuses. Les riverains, encore ensommeillés, ont d’abord cru à une mauvaise blague… jusqu’à réaliser la dangerosité réelle de la situation.
Les policiers, arrivés très rapidement sur place, ont dû faire preuve d’un sang-froid exemplaire. Face à un homme armé d’une arbalète – une arme silencieuse et particulièrement létale à courte distance – toute erreur pouvait être fatale. Après plusieurs sommations restées sans effet, ils ont réussi à le maîtriser et à le menotter sans qu’aucun tir n’ait été nécessaire. Un soulagement immense pour les habitants du quartier.
Qui est vraiment cet homme de 38 ans ?
L’auteur des faits n’est pas un inconnu des services de police. Déjà condamné à plusieurs reprises, principalement pour des dégradations et des outrages, il présente un profil psychiatrique lourd. Des sources proches de l’enquête évoquent des antécédents de troubles graves, avec plusieurs hospitalisations sous contrainte ces dernières années. Ce matin-là, tout indique qu’il traversait une nouvelle crise aiguë.
Ses voisins le décrivent comme quelqu’un de « bizarre mais pas méchant d’habitude ». Certains se souviennent l’avoir vu errer dans le quartier en tenue négligée, parlant parfois seul. Personne, cependant, n’imaginait qu’il pouvait un jour se retrouver armé en pleine rue en criant des slogans qui, dans le contexte actuel, font immédiatement penser au pire.
« On a tous eu très peur. Quand on entend « Allah Akbar » avec une arme à la main, on pense tout de suite à un attentat. Heureusement que la police est intervenue aussi vite. »
Un riverain encore sous le choc, interrogé anonymement
L’arbalète : une arme discrète mais extrêmement dangereuse
Moins médiatisée que les fusils d’assaut, l’arbalète de chasse reste une arme de catégorie D, en vente libre pour les majeurs (sous simple présentation de pièce d’identité). Sa puissance peut atteindre 400 km/h pour les modèles haut de gamme, et un carreau bien placé est capable de traverser un gilet pare-balles de niveau IIIA. En milieu urbain, à moins de 30 mètres, elle représente une menace considérable.
Cet événement relance inévitablement le débat sur le contrôle de ce type d’armes. Comment un individu aux antécédents psychiatriques aussi lourds a-t-il pu se procurer une arbalète aussi facilement ? Les associations de défense des malades mentaux rappellent que la grande majorité des personnes souffrant de troubles psychiatriques ne sont jamais violentes… mais les faits divers tragiques se multiplient ces dernières années.
Crise psychiatrique ou revendication idéologique ?
C’est la question que tout le monde se pose. Le cri « Allah Akbar » – « Dieu est le plus grand » en arabe – a été détourné depuis 2015 par les terroristes islamistes lors de nombreux attentats en France. À chaque fois qu’il est prononcé dans un contexte violent, l’angoisse collective resurgit immédiatement.
Pourtant, dans ce cas précis, rien ne semble indiquer une radicalisation. L’homme n’était pas fiché S, ne fréquentait pas de mosquée connue pour ses prêches radicaux, et ses anciennes condamnations n’avaient aucun lien avec l’apologie du terrorisme. Tout pointe vers un délire psychiatrique lors d’une phase maniaque ou psychotique particulièrement aiguë.
Mais dans l’esprit du public, la nuance est difficile à faire. Le traumatisme des attentats de 2015-2016 reste vif, et chaque incident de ce type ravive la peur d’un nouvel attentat. Les réseaux sociaux se sont enflammés en quelques minutes, certains parlant déjà d’« attentat déjoué », d’autres dénonçant la « psychiatrie défaillante » ou l’« immigration incontrôlée » – alors même que l’identité et l’origine de l’individu n’ont pas été révélées.
La Rochelle, ville tranquille bouleversée
La Rochelle, avec son port, ses tours médiévales et son ambiance paisible, n’est pas habituée à ce genre de scène. Les habitants du quartier de la rue de la Cloche, proche du marché central, sont encore sous le choc. Beaucoup ont annulé leurs sorties prévues ce matin-là. Les commerçants, eux, ont baissé leur rideau par précaution le temps de l’intervention.
En fin de matinée, la vie a repris peu à peu son cours. Mais l’image de cet homme à moitié nu, arbalète à la main, reste gravée dans toutes les mémoires. « On se croirait dans un film », confie une retraitée qui a tout vu depuis sa fenêtre. « J’ai eu peur pour les enfants qui partaient à l’école… »
Que va-t-il se passer maintenant ?
L’homme a été placé en garde à vue, mais son état psychiatrique rend toute audition classique impossible pour le moment. Il a été transféré en unité psychiatrique sécurisée dans l’attente d’une expertise médicale. Plusieurs scénarios sont envisageables :
- Une hospitalisation d’office de longue durée si les médecins estiment qu’il représente un danger pour lui-même ou pour autrui.
- Des poursuites pénales pour « menace de mort avec arme » et « port d’arme prohibé », même si la responsabilité pénale pourrait être fortement atténuée, voire annulée.
- Une énième prise en charge qui, comme trop souvent, risque de s’arrêter dès que la crise sera passée.
Ce fait divers, aussi spectaculaire soit-il, met une nouvelle fois en lumière les failles béantes du système de soins psychiatriques en France. Des milliers de lits fermés en vingt ans, des familles abandonnées, des malades qui alternent entre prison et rue… Le cocktail est explosif, et les drames se répètent.
Ce matin à La Rochelle, la catastrophe a été évitée de justesse. Mais jusqu’à quand la chance suffira-t-elle ?
À retenir : Un homme de 38 ans en pleine crise psychiatrique a semé la panique ce mercredi matin à La Rochelle en brandissant une arbalète de chasse dans la rue, torse nu et en criant « Allah Akbar ». Rapidement maîtrisé par la police, il a été interné. Cet événement, sans lien avec le terrorisme, relance le débat sur la dangerosité de certaines armes en vente libre et sur l’état alarmant de la psychiatrie publique en France.
Derrière l’image choc, c’est tout un système qui craque. Et demain, ce sera peut-être dans votre ville.









