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Trump, Maître Incontesté de l’Ingérence Mondiale

Et si le président américain décidait ouvertement du vainqueur des élections dans d’autres pays ? Menaces, soutiens affichés, conditionnement de l’aide… Trump dépasse toutes les limites connues de l’ingérence. Le dernier exemple au Honduras n’est que la partie visible de l’iceberg. Jusqu’où ira-t-il ?

Imaginez un président qui, d’un simple message sur son réseau social, menace un pays entier de sanctions s’il n’élit pas le « bon » candidat. Ce n’est pas une fiction. C’est la nouvelle norme sous Donald Trump.

Jamais dans l’histoire récente un dirigeant américain n’avait affiché aussi ouvertement ses préférences électorales à l’étranger. Des experts le confirment : on franchit un cap inédit.

Une diplomatie sans filtre qui bouleverse les règles

La diplomatie traditionnelle repose sur la discrétion, les canaux officiels, les déclarations mesurées. Trump, lui, préfère la franchise brutale. Un post sur Truth Social et le monde entier sait qui il soutient… et qui il menace.

Cette méthode choque, mais elle marque aussi les esprits. Et surtout, elle produit des effets concrets dans plusieurs régions du globe.

Le Honduras, dernier terrain de jeu en date

Le cas du Honduras illustre parfaitement cette nouvelle approche. Quelques jours avant le scrutin présidentiel, le président américain prend parti sans détour.

Il déclare publiquement qu’il ne pourrait « pas travailler » avec la candidate de gauche et qu’il « ne fait pas confiance » à un autre opposant. Son favori ? L’homme d’affaires Nasry Asfura.

« On dirait que le Honduras essaie de changer le résultat de son élection. S’ils le font, ils le paieront cher ! »

Donald Trump, sur Truth Social

Cette phrase, lancée sans la moindre preuve, résonne comme une menace directe. Et elle n’est pas isolée.

Trump va plus loin : il conditionne explicitement l’aide américaine à la victoire de son candidat. « Si Asfura ne gagne pas, les États-Unis ne gaspilleront pas leur argent », lâche-t-il.

Dans un pays parmi les plus pauvres d’Amérique centrale, où l’aide étrangère représente une bouée d’oxygène vitale, de telles déclarations pèsent lourd.

Un axe droite dure en Amérique latine

Le Honduras n’est qu’un exemple parmi d’autres. Partout en Amérique latine, Trump pousse ses pions.

En Argentine, il a été l’un des premiers à féliciter et soutenir Javier Milei dès sa victoire. En Équateur, en Colombie, les messages sont similaires : soutien appuyé aux candidats les plus à droite.

Au Brésil, il intervient même dans les procédures judiciaires concernant Jair Bolsonaro, condamné pour tentative de coup d’État. Objectif affiché : protéger ses alliés idéologiques.

Pour les spécialistes, cette stratégie vise à consolider un « glissement vers la droite » qui gagne du terrain dans toute la région.

Mais les résultats sont mitigés. Lula au Brésil et Gustavo Petro en Colombie, tous deux de gauche, résistent encore à cette vague.

Le Venezuela dans le viseur

Avec Nicolas Maduro, le ton monte d’un cran. Trump agite régulièrement la menace d’une intervention militaire, officiellement pour lutter contre le trafic de drogue.

Dans les faits, cette rhétorique sert surtout à maintenir la pression sur un régime qu’il exècre. Et à rappeler qui reste le « grand frère » du continent.

Europe : même combat, autres cibles

Loin de se limiter à l’Amérique latine, cette diplomatie musclée touche aussi le Vieux Continent.

Trump écrit personnellement au président israélien pour demander une grâce en faveur de Benjamin Netanyahu, poursuivi pour corruption. Un geste inédit entre chefs d’État.

En Hongrie, il défend bec et ongles Viktor Orban, qualifié d’« ami » et presse les Européens de mieux le traiter.

En Pologne, deux semaines avant la présidentielle, il reçoit un candidat soutenu par le parti nationaliste PiS. Le message est limpide.

L’offensive sur la liberté d’expression en Europe

L’administration Trump mène également une campagne tous azimuts contre ce qu’elle perçoit comme une « détérioration » des droits humains en Europe, notamment en matière de liberté d’expression.

Allemagne, Royaume-Uni, France : aucun grand pays n’échappe aux critiques. Le vice-président JD Vance choque l’Europe entière lors d’un discours à Munich en affirmant que la liberté d’expression « recule » sur le continent.

Ces déclarations épousent presque mot pour mot les discours des partis d’extrême droite, comme l’AfD allemande.

D’une realpolitik froide à un réseau d’amis

Les experts soulignent la rupture fondamentale avec les pratiques passées.

Pendant la Guerre froide, les États-Unis intervenaient souvent dans les affaires étrangères, mais pour des raisons géostratégiques et, surtout, en restant dans l’ombre.

« Je ne me souviens pas d’un président prêt à afficher aussi ouvertement ses préférences dans des élections étrangères, du moins dans l’histoire moderne. »

Thomas Carothers, Carnegie Endowment

Aujourd’hui, l’ingérence est assumée, publique, presque ostentatoire.

Et elle ne répond plus uniquement à des intérêts stratégiques froids. Trump parle d’un « groupe d’amis » à travers le monde qu’il souhaite protéger et promouvoir.

Cette personnalisation extrême de la politique étrangère marque une véritable révolution copernicienne.

Des succès en demi-teinte

Cette stratégie porte-t-elle ses fruits ? La réponse est nuancée.

Certains dirigeants soutenus par Trump accèdent au pouvoir ou consolident leur position : Milei en Argentine, peut-être bientôt au Honduras.

Mais ailleurs, la résistance tient bon. Lula, Petro, et d’autres figures de gauche démontrent que l’influence américaine, même affichée sans détour, a ses limites.

Quant à l’Europe, les critiques répétées sur la liberté d’expression crispent plus qu’elles ne convainquent.

Vers une nouvelle ère diplomatique ?

Ce que nous vivons actuellement dépasse la simple excentricité d’un président. C’est l’émergence d’un nouveau modèle où la diplomatie traditionnelle cède la place à une forme d’interventionnisme décomplexé, presque tribal.

Les codes qui régissaient les relations internationales depuis des décennies sont en train de voler en éclats sous nos yeux.

Et pendant que certains crient au scandale, d’autres y voient simplement l’adaptation brutale d’une superpuissance à un monde où la retenue n’a plus cours.

Une chose est sûre : avec Donald Trump, la diplomatie ne sera plus jamais comme avant.

Révolution ou dérive ? L’histoire jugera. Mais une chose est déjà actée : aucun président américain n’aura marqué aussi profondément, et aussi rapidement, les relations internationales de son empreinte personnelle.

Le monde retient son souffle. Et regarde, fasciné et inquiet, ce nouveau chapitre qui s’écrit sous la plume parfois rageuse, souvent imprévisible, mais toujours spectaculaire de Donald Trump.

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