C’est un séisme dans la politique migratoire britannique. Fraîchement élu, le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer vient de confirmer sa volonté de mettre un terme au projet controversé d’expulsion des migrants vers le Rwanda, initié par le précédent gouvernement conservateur. Une annonce fracassante qui sonne comme un désaveu cinglant de la ligne dure sur l’immigration de ses prédécesseurs.
La fin d’un accord migratoire décrié
Présenté comme une solution « innovante » par Boris Johnson en avril 2022, l’accord prévoyant d’envoyer des demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni vers le Rwanda avait immédiatement suscité une levée de boucliers. ONG, église anglicane, opposition travailliste… Les critiques avaient fusé de toutes parts, dénonçant une mesure « inhumaine », « contraire au droit international » et aux valeurs britanniques.
Je ne suis pas prêt à poursuivre le projet du précédent gouvernement d’expulser des migrants au Rwanda.
– Keir Starmer, Premier ministre britannique
En confirmant l’abandon pur et simple de ce dispositif, Keir Starmer entend ainsi tourner définitivement la page d’une politique migratoire jugée brutale et inefficace. Un virage à 180 degrés qui marque une rupture nette avec l’approche sécuritaire prônée par les conservateurs ces dernières années.
Vers une approche plus « humaine et juste » ?
Pour le dirigeant travailliste, il est temps d’emprunter « une autre voie » en matière d’immigration. Une approche qu’il veut « à la fois ferme et juste », conciliant maîtrise des flux migratoires et respect des droits humains fondamentaux.
- Rétablir des voies légales et sûres pour les réfugiés
- Lutter contre les passeurs et les traversées illégales de la Manche
- Accélérer le traitement des demandes d’asile
- Miser sur la coopération internationale
Autant de pistes évoquées par Keir Starmer pour bâtir un système « plus efficace et plus éthique ». Mais au-delà des déclarations d’intention, nombre d’observateurs attendent de voir comment ces principes se traduiront concrètement dans la nouvelle politique migratoire britannique.
Les défis d’une refondation migratoire
Car si l’abandon de l’accord avec le Rwanda est un signal fort, il ne règle pas pour autant l’épineuse équation migratoire britannique. Malgré le Brexit et les promesses de « reprendre le contrôle » des frontières, le Royaume-Uni reste confronté à une pression migratoire élevée, avec un nombre record de traversées illégales de la Manche l’an dernier.
Pour tenir ses engagements, le gouvernement Starmer va donc devoir s’atteler à une refonte en profondeur du système d’asile britannique, jugé à bout de souffle. Un chantier titanesque qui s’annonce long et semé d’embûches, sur fond de crispations persistantes autour de l’enjeu migratoire.
Mettre fin à l’accord avec le Rwanda est un premier pas, mais il va falloir des actes forts derrière pour réformer vraiment notre politique d’immigration.
– Yvette Cooper, ministre de l’Intérieur
Pressions de l’aile gauche, opposition des conservateurs, difficultés logistiques et budgétaires… Les défis ne manqueront pas pour bâtir cette « nouvelle donne » migratoire promise par Keir Starmer. Mais en tournant symboliquement la page de l’ère Rwanda, le nouveau Premier ministre envoie un message clair : le cap de la politique d’immigration britannique est en train de changer, pour le meilleur ou pour le pire.