À quelques jours du second tour des élections législatives 2024, une question brûle toutes les lèvres : le Rassemblement national va-t-il réussir son pari de décrocher une majorité à l’Assemblée ? Si le parti de Marine Le Pen semble en pole position, ses adversaires se hâtent déjà de crier victoire, agitant l’étendard du « front républicain ». Mais ne vendent-ils pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué ?
Le Front républicain, un barrage encore efficace ?
Dès l’annonce des résultats du premier tour, les appels aux désistements réciproques entre macronistes et gauche se sont multipliés, dans l’objectif assumé de faire barrage au RN. Sur le papier, cette stratégie du « tout sauf Le Pen » semble porter ses fruits, les projections en sièges donnant le parti lepéniste loin de la majorité absolue. Pourtant, plusieurs signaux incitent à la prudence.
L’inconnue des reports de voix
Lors des précédentes législatives en 2022, le RN avait créé la surprise en décrochant 89 sièges, bien au-delà des prévisions des sondeurs. Pour la première fois, le parti avait bénéficié de bons reports de voix, brouillant les frontières de « l’arc républicain ». Ce scénario pourrait se reproduire dimanche prochain.
Ce qui n’avait pas été vu alors c’est que, pour la première fois, le parti théoriquement chassé de « l’arc républicain » pouvait bénéficier de bons reports de voix, dans certains cas pour battre Macron, dans d’autres…
– Guillaume Tabard, éditorialiste
Le risque d’une victoire à la Pyrrhus
En se focalisant uniquement sur l’objectif de contrer le RN, les anti-Le Pen ne négligent-ils pas les attentes concrètes des Français ? C’est le risque pointé par certains observateurs. Décréter des alliances théoriques pourrait se retourner contre ceux qui croient que clamer « no pasaran ! » dispense de répondre aux problèmes du quotidien.
D’autant que l’émergence d’un « front anti-RN » masque mal les profondes divisions qui traversent les autres partis, macronistes en tête. Unis dans l’adversité, sauront-ils gouverner ensemble en cas de victoire ? Rien n’est moins sûr.
Vers un nouveau séisme politique ?
À l’heure où nous écrivons ces lignes, tous les scénarios restent ouverts. Y compris celui, impensable il y a quelques années encore, d’une victoire du RN. Dans ce cas, le parti disposerait d’une légitimité inédite pour réclamer Matignon et imposer son agenda.
Nul doute que Marine Le Pen, en stratège expérimentée, a plus d’un tour dans son sac. Si ses adversaires ont raison de se mobiliser, ils auraient tort de fanfaronner trop vite. Car en politique comme ailleurs, rien n’est jamais joué d’avance. Réponse dimanche dans les urnes !