À quatre jours du second tour des élections législatives, tous les regards sont tournés vers le Rassemblement national. Le parti de Marine Le Pen, arrivé largement en tête au premier tour, rêve toujours d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale malgré la vague de désistements en sa défaveur. Mais cette quête s’annonce semée d’embûches.
Le RN Face au « Front Républicain »
Depuis le soir du premier tour, les appels au « front républicain » se sont multipliés pour tenter de faire barrage au RN. Les candidats de la majorité présidentielle et de la gauche se sont désistés dans de nombreuses circonscriptions en ballotage, espérant priver le parti nationaliste d’une majorité absolue.
C’est le grand rêve d’Emmanuel Macron, le parti unique.
– Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national
Marine Le Pen a vivement critiqué cette « opération de désistement massif » menée selon elle par « la macronie, les LR, LFI, les Verts et les socialistes ». Jordan Bardella, président du RN, a quant à lui répété qu’il n’irait à Matignon que s’il obtenait une majorité absolue, soit 289 députés.
L’Hypothèse d’une Grande Coalition
Si le RN échouait à décrocher une majorité absolue dimanche, l’hypothèse d’une « grande coalition » refait surface. Cette alliance entre les macronistes, une partie de la gauche sans LFI et certains LR, courante dans les pays européens mais étrangère aux traditions françaises, pourrait se former pour gouverner en l’absence d’une majorité RN.
Soit le pouvoir sera entre les mains d’un gouvernement d’extrême droite, soit le pouvoir sera au Parlement.
– Gabriel Attal, ministre de l’Éducation nationale
Mais ce scénario est loin de faire l’unanimité. L’absence de LFI, qui représente 50% des voix de gauche, empêcherait d’avoir une majorité absolue. Et pour beaucoup à gauche, une telle coalition reviendrait à « trahir » les électeurs.
Des Sondages Plus Favorables au RN
Malgré les désistements en cascade, les derniers sondages semblent plus favorables au Rassemblement national. Selon une étude Toluna Harris Interactive, le parti nationaliste pourrait obtenir entre 190 et 220 sièges dimanche, loin des 289 requis pour une majorité absolue mais nettement au-dessus des projections initiales.
L’élément-clé du second tour sera donc la proportion d’électeurs qui suivront les consignes de désistement. Un fort taux d’abstention pourrait aussi favoriser le RN, dont l’électorat semble plus mobilisé.
Un Pays au Bord du Gouffre ?
À l’approche du scrutin décisif, l’inquiétude grandit quant à l’issue de ces législatives hors normes. Pour beaucoup, la France est « au bord d’une falaise » avec le risque de voir l’extrême droite arriver au pouvoir.
La France est au bord d’une falaise et on ne sait pas si on va sauter.
– Raphaël Glucksmann, député européen
Face à ces craintes, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé la mobilisation de 30 000 policiers et gendarmes pour la soirée électorale de dimanche, dont 5 000 à Paris et en banlieue. L’objectif : empêcher « que l’ultragauche ou l’ultradroite ne profitent des résultats pour créer du désordre ».
Quoi qu’il en soit, ces législatives s’annoncent cruciales pour l’avenir politique de la France. Avec un Rassemblement national aux portes du pouvoir, une recomposition du paysage politique semble inévitable. Verdict dimanche soir.