Imaginez un territoire exigu, privé d’électricité, où chaque litre de carburant ou sac de farine peut changer des vies. Au cœur de cette réalité, le passage de Rafah, situé à la frontière entre Gaza et l’Égypte, incarne à la fois l’espoir et la frustration. Ce point de passage, souvent sous les feux de l’actualité, est bien plus qu’une simple frontière : il est la porte d’entrée de l’aide humanitaire, le chemin d’évacuation des blessés, mais aussi un symbole des tensions géopolitiques qui secouent la région depuis des décennies. Alors que le plan de cessez-le-feu de 2025 promettait une réouverture, pourquoi ce passage reste-t-il fermé ? Plongeons dans les enjeux cruciaux de ce lieu stratégique.
Pourquoi Rafah est-il si important ?
Le passage de Rafah n’est pas une frontière comme les autres. Situé à l’extrême sud de la bande de Gaza, en bordure du désert du Sinaï, il relie ce territoire palestinien à l’Égypte. Dans un contexte de blocus imposé par Israël depuis 2007, Rafah est devenu l’un des rares points d’accès pour les denrées vitales : nourriture, médicaments, carburant. Sans électricité, Gaza dépend de ce carburant pour alimenter hôpitaux, écoles et même les pompes à eau. Mais Rafah, c’est aussi une porte de sortie, permettant à certains Palestiniens d’évacuer, souvent dans des conditions dramatiques.
Entre 2005 et 2007, ce passage a marqué l’histoire en étant le premier terminal frontalier sous contrôle de l’Autorité palestinienne. Mais après la prise de pouvoir du Hamas à Gaza, il est devenu un symbole de leur souveraineté, tout en restant sous l’œil vigilant d’Israël et de l’Égypte. Aujourd’hui, chaque ouverture ou fermeture de Rafah fait l’objet de négociations internationales, où chaque partie joue ses cartes avec prudence.
Un contrôle israélien controversé
Depuis le 7 mai 2024, l’armée israélienne a pris le contrôle du côté palestinien du passage, accusant le Hamas d’utiliser Rafah pour des activités qualifiées de terroristes, notamment le trafic d’armes. Cette décision a entraîné une fermeture totale, bloquant l’accès aux agences des Nations unies et aux organisations humanitaires comme le Croissant-Rouge. Même les rares camions autorisés à passer auparavant ont été stoppés, plongeant Gaza dans une crise humanitaire encore plus profonde.
« Sans Rafah, Gaza est asphyxiée. L’aide ne passe plus, les blessés ne peuvent être évacués. »
Un responsable humanitaire anonyme
Une brève réouverture a eu lieu en janvier 2025, lors d’un précédent cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Quelques camions ont pu passer, et des civils ont été autorisés à quitter Gaza. Mais cette lueur d’espoir s’est vite éteinte, le passage refermant ses portes sous la pression de nouvelles tensions.
Une réouverture incertaine
La réouverture de Rafah est au cœur des discussions internationales. Le plan porté par le président américain Donald Trump, entré en vigueur le 10 octobre 2025, prévoyait une réouverture progressive après la libération des otages israéliens par le Hamas. Ce plan stipule que Rafah doit redevenir un canal pour l’aide humanitaire internationale et permettre la circulation des personnes. Pourtant, les autorités israéliennes ont repoussé cette réouverture, invoquant des problèmes de coordination avec l’Égypte et des désaccords sur la restitution des corps par le Hamas.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, avait évoqué une possible réouverture pour le dimanche précédent, mais le bureau du Premier ministre a finalement annoncé que le passage resterait fermé « jusqu’à nouvel ordre ». Selon le Cogat, l’organisme israélien supervisant les territoires palestiniens, Rafah ne serait ouvert que pour la circulation des personnes, et non pour l’aide, ce qui limite considérablement son impact.
Pourquoi tant d’obstacles ? La réponse réside dans un mélange de méfiance mutuelle, d’enjeux sécuritaires et de rivalités politiques. Chaque acteur – Israël, Égypte, Hamas – défend ses intérêts, au détriment des civils.
Le circuit de l’aide humanitaire
L’acheminement de l’aide vers Gaza est un parcours semé d’embûches. L’aide internationale arrive généralement par les ports égyptiens de Port Saïd ou d’al-Arish, à proximité de Gaza. Des centaines de camions stationnent actuellement à al-Arish, en attente d’un feu vert pour franchir Rafah. Une fois la frontière passée, les camions sont dirigés vers le passage de Kerem Shalom, contrôlé par Israël, où ils subissent des inspections rigoureuses.
Ce processus est lent et complexe. Les chauffeurs doivent descendre de leurs véhicules, les marchandises sont déchargées, inspectées, puis rechargées sur d’autres camions autorisés à entrer dans Gaza. Ce système, conçu pour des raisons de sécurité, retarde considérablement la distribution de l’aide, alors que les besoins sur place sont criants.
Étape | Description |
---|---|
Arrivée en Égypte | L’aide arrive à Port Saïd ou al-Arish, où les camions attendent. |
Passage de Rafah | Les camions franchissent la frontière égyptienne vers Gaza. |
Contrôle à Kerem Shalom | Inspections israéliennes, déchargement et rechargement. |
Distribution à Gaza | L’aide atteint enfin les civils, souvent après des jours d’attente. |
Les autres points d’accès à Gaza
Outre Rafah, d’autres points d’entrée existent, mais leur utilisation reste limitée. Le passage de Kerem Shalom, principal canal pour l’aide, traite environ les trois quarts des livraisons, selon les Nations unies. Le point de Kissoufim, situé au centre-est, complète ce dispositif, mais au compte-gouttes. Le passage d’Erez, au nord, a été détruit lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Bien qu’il ait été brièvement rouvert en 2025, il reste fermé à ce jour.
D’autres passages, comme Karni, Sufa ou Zikim, ont été utilisés par le passé, mais les autorités israéliennes communiquent peu sur leur statut actuel. Cette opacité complique la planification des opérations humanitaires, laissant les organisations dans l’incertitude.
Les défis humanitaires et politiques
Le sort du passage de Rafah illustre les défis complexes auxquels font face les acteurs humanitaires. D’un côté, les besoins à Gaza sont immenses : famine, manque de soins médicaux, infrastructures détruites. De l’autre, les tensions entre Israël, le Hamas et l’Égypte freinent toute solution rapide. Le plan Trump, censé fluidifier l’accès à l’aide, se heurte à des obstacles pratiques et politiques.
Pour les habitants de Gaza, chaque jour d’attente est un jour de trop. Les organisations humanitaires, comme la Croix-Rouge, appellent à une action immédiate, mais les décisions restent entre les mains des gouvernements. La question demeure : combien de temps encore Rafah restera-t-il un symbole de blocage plutôt que d’espoir ?
- Besoins urgents : Nourriture, médicaments, carburant.
- Obstacles : Contrôles stricts, désaccords politiques.
- Espoir : Une réouverture durable pour sauver des vies.
Le passage de Rafah, bien plus qu’une simple frontière, est le reflet des tensions et des espoirs d’une région en crise. Sa réouverture pourrait changer la donne pour des millions de personnes, mais pour l’instant, l’attente continue. Quels seront les prochains développements ? L’avenir de Gaza en dépend.