À quelques jours du second tour des élections législatives, un appel inattendu à l’union nationale résonne dans le paysage politique français. Dominique Strauss-Kahn, figure emblématique de la gauche, invite les électeurs de droite à voter pour les candidats de gauche afin d’empêcher le Rassemblement national d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
DSK : “Éviter que le RN soit majoritaire tout seul”
Invité sur le plateau de LCI mardi soir, l’ancien ministre de l’Économie a exprimé ses craintes face à la montée du Rassemblement national. Selon lui, le parti de Marine Le Pen est le seul en mesure d’obtenir une majorité absolue ou relative à l’issue du scrutin de dimanche prochain.
“Les seuls qui peuvent constituer une majorité tous seuls, c’est le RN, et les seuls qui peuvent constituer une majorité relative avec des alliés à trouver, c’est encore le RN”, a alerté Dominique Strauss-Kahn.
Face à ce constat alarmant, l’ex-directeur général du FMI n’a pas hésité à en appeler au front républicain. Il a exhorté la droite à mettre de côté ses réticences et à glisser un bulletin de gauche dans l’urne, même si cela leur “fait mal”.
Un choix crucial pour l’avenir du pays
DSK a insisté sur l’importance de ce choix, rappelant le précédent de 2002 où la gauche avait dû se résoudre à voter pour Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen. Aujourd’hui, la situation serait “symétrique” selon lui, et la droite doit faire preuve de la même responsabilité.
“Si la gauche avait hésité puis compris, la situation est aujourd’hui symétrique. Il faut que la droite comprenne que même s’il faut mettre un bulletin pour le Nouveau Front populaire dans l’urne, et que ça leur fait mal, le problème ce n’est pas d’élire LFI au pouvoir, ça ne se fera pas, c’est d’éviter que le RN soit majoritaire tout seul”, a martelé l’ancien socialiste.
Car pour Dominique Strauss-Kahn, une majorité absolue du Rassemblement national à l’Assemblée nationale marquerait une rupture profonde. “Nous entrerions dans un cycle totalement différent”, s’inquiète-t-il, évoquant un “changement majeur du fonctionnement de notre société” et le spectre d’une crise à la grecque.
La France insoumise n’est plus “l’adversaire”
Dans son analyse, DSK minimise le danger que représenterait une victoire de la NUPES menée par Jean-Luc Mélenchon. Il considère que La France insoumise “n’est plus un adversaire” car ils “ne peuvent pas gagner” au second tour des législatives.
L’ancien ministre assume ainsi qu’il pourrait lui-même voter pour un candidat insoumis dimanche prochain si cela permet de faire barrage au Rassemblement national. Un choix guidé par le réalisme politique et le sens des responsabilités selon lui.
Un appel à la raison et à l’unité
À travers son intervention remarquée, Dominique Strauss-Kahn lance un appel solennel à l’union des forces républicaines face à la menace de l’extrême droite. Une prise de position courageuse à contre-courant de certains réflexes partisans.
Reste à savoir si cet appel au vote utile et au dépassement des clivages sera entendu par les électeurs de droite tentés par le vote RN ou l’abstention. Les enjeux de ce second tour des législatives n’ont en tout cas jamais été aussi élevés pour l’avenir politique de la France.