Les résultats du premier tour des élections législatives 2024 ont de quoi susciter l’inquiétude dans les rangs de la majorité présidentielle. En effet, le Rassemblement National, allié aux Républicains d’Éric Ciotti, a réalisé une percée sans précédent, raflant 39 sièges dès dimanche soir. Mieux encore, il arrive en tête dans pas moins de 296 des 577 circonscriptions du pays. Du jamais vu sous la Vème République.
Le RN aux portes du pouvoir
Surfant sur les bons scores de Marine Le Pen à la présidentielle, le parti à la flamme semble en passe de réussir son pari : devenir la première force à l’Assemblée Nationale. Son président Jordan Bardella, qui brigue Matignon, a d’ores et déjà fait savoir qu’il refuserait d’entrer au gouvernement sans majorité absolue. Mais au vu des résultats, il pourrait bien être tenté de s’appuyer sur les députés LR pour y parvenir.
Vers une alliance des droites ?
C’est peu dire que ces législatives bousculent le paysage politique français. Pour la première fois depuis la Libération, l’extrême-droite est en capacité de diriger le pays. Un séisme que certains, à droite, semblent prêts à accompagner. Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France, a ainsi plaidé pour un « gouvernement de sursaut national », tandis que le Premier ministre Gabriel Attal appelait de ses vœux une « assemblée plurielle ».
Pas une voix ne doit aller à l’extrême droite.
Emmanuel Macron
Macron appelle à faire barrage
Du côté de l’Élysée en revanche, c’est la douche froide. Réunissant ses ministres, Emmanuel Macron a martelé que « pas une voix » ne devait aller au RN. Et de rappeler que la gauche s’était mobilisée derrière lui face à Marine Le Pen en 2017 et 2022, lui permettant d’accéder au pouvoir. Suffisant pour endiguer la vague brune ? Rien n’est moins sûr.
Le spectre de la cohabitation
Car si Renaissance et ses alliés parvenaient à limiter la casse dimanche prochain, ils devraient malgré tout composer avec une opposition puissante et déterminée. Un scénario de cohabitation n’est donc pas à exclure, même si les macronistes s’y refusent encore. « La ligne est claire : pas d’alliance, ni de compromis avec les extrêmes », tranche un proche du chef de l’État.
Pourtant, à quelques encablures du second tour, toutes les hypothèses restent ouvertes. Y compris les plus inquiétantes pour la démocratie française. Marine Le Pen, elle, met en garde contre de possibles « manifestations violentes » de l’extrême gauche en cas de victoire du RN. « J’appelle le Président à garantir le respect du choix des Français », a-t-elle insisté. Ambiance délétère en vue.