Dans la 8e circonscription du Nord, le premier tour des élections législatives a réservé son lot de surprises. Arrivé en troisième position avec 16% des suffrages, le candidat de la majorité présidentielle Ensemble, Tarik Mekki, vient de créer la sensation en annonçant qu’il votera pour son adversaire de La France Insoumise, David Guiraud, au second tour. Une décision inattendue mais qui s’inscrit dans une logique de barrage au Rassemblement National.
Un choix surprenant mais assumé
Malgré son slogan « ni LFI, ni RN » martelé pendant la campagne du premier tour, Tarik Mekki a finalement tranché. Pour celui qui se revendique de la gauche, pas question de laisser le champ libre au candidat du Rassemblement National. L’adjoint au maire de Wattrelos en charge de la jeunesse et de l’emploi l’affirme sans détour :
Pas une voix ne doit aller au RN. À titre personnel, je voterai pour David Guiraud.
– Tarik Mekki, candidat Ensemble dans la 8e circonscription du Nord
Si Tarik Mekki reconnaît avoir de nombreux désaccords avec le candidat insoumis, il estime néanmoins que celui-ci incarne des valeurs plus proches des siennes que celles portées par le Rassemblement National. C’est donc en son âme et conscience qu’il a décidé d’apporter son soutien à David Guiraud pour le second tour.
Un parcours politique ancré à gauche
Pour justifier sa position, Tarik Mekki n’hésite pas à rappeler son engagement de longue date contre l’exclusion et le rejet de l’autre. Issu d’une famille politique de gauche, il a toujours combattu les idées du Front National, devenu aujourd’hui le Rassemblement National. Pour lui, ce parti « révulse » littéralement son âme et son cœur.
Son choix de soutenir David Guiraud n’est donc pas un ralliement inconditionnel aux idées de La France Insoumise, mais bien un acte de résistance face à la menace que représente à ses yeux l’extrême droite. En appelant à faire barrage au RN, Tarik Mekki reste fidèle à ses convictions profondes.
Quelles conséquences pour le second tour ?
Cet appel au « vote utile » en faveur de David Guiraud pourrait bien rebattre les cartes dans cette 8e circonscription du Nord. Au premier tour, le candidat LFI a obtenu 27,78% des voix, talonnant le candidat RN arrivé en tête avec 28,51%. Avec le renfort des électeurs macronistes, David Guiraud dispose désormais d’une réserve de voix conséquente pour l’emporter dimanche prochain.
Reste à savoir si les reports de voix seront au rendez-vous et si les consignes de vote de Tarik Mekki seront suivies par ses propres électeurs. Une chose est sûre, ce coup de théâtre inattendu a électrisé la fin de campagne et rendu l’issue du scrutin plus incertaine que jamais dans cette circonscription.
Une circonscription symbole des enjeux nationaux
Au-delà des enjeux locaux, cette 8e circonscription du Nord cristallise les grandes tendances qui traversent le pays au lendemain du premier tour des législatives :
- La percée de la NUPES qui s’impose comme première force d’opposition
- La poussée du Rassemblement National dans de nombreux territoires
- Le recul de la majorité présidentielle qui peine à convaincre
- Les alliances de circonstances pour faire barrage à l’extrême droite
À l’image du duel entre David Guiraud et le candidat RN dans le Nord, la carte politique de la France pourrait être sérieusement chamboulée à l’issue du second tour. Les appels à l’union des forces républicaines face à la menace de l’extrême droite vont-ils être entendus ? Réponse dimanche soir au terme d’une semaine de campagne intense.
Un dilemme cornélien pour les électeurs macronistes
Si la consigne de vote est claire pour Tarik Mekki, tous les électeurs de la majorité présidentielle ne sont pas prêts à franchir le pas. Pour beaucoup, voter pour un candidat LFI dont ils ne partagent pas le projet reste un crève-cœur. Certains pourraient être tentés par l’abstention ou le vote blanc plutôt que d’apporter leur voix à un parti classé à l’extrême gauche.
D’autres en revanche, pourraient se résoudre à un « vote utile » de dernière minute pour éviter une victoire du RN synonyme de séisme politique. Un choix par défaut, en quelque sorte, pour préserver ce qu’ils considèrent comme l’essentiel : la république et ses valeurs. Une équation complexe à résoudre dans l’isoloir pour des milliers d’électeurs déchirés entre leurs convictions et la réalité d’un second tour aux allures de troisième tour de la présidentielle.
Quoi qu’il en soit, le coup de tonnerre provoqué par Tarik Mekki dans la 8e circonscription du Nord est le signe d’une recomposition politique en marche. Un avertissement également pour la majorité présidentielle, fragilisée par ces alliances contre-nature qui pourraient lui coûter cher dans l’hémicycle. Les jeux sont plus ouverts que jamais avant ce second tour à haut risque pour Emmanuel Macron et son camp.
